Baba MAHAMAT

Interview, Anne Michelle, jeune camerounaise très active sur les réseaux sociaux

1- Bonjour, peux-tu te présenter et nous dire qui se cache derrière cette image qui te représente ?

Bonjour, Je suis EKEDI EDJENGUELE Anne Michelle, une jeune camerounaise née à Douala au Cameroun. J’ai effectué l’ensemble de mon cursus académique au Cameroun dans les domaines du Marketing, de la Communication et des Relations Publiques. Mon intérêt pour les questions internationales notamment de développement m’ont conduit à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun ou j’ai obtenu un Master en Relations Internationales (Option : Communication et Action Publique internationales). Comme loisirs/centre d’intérêts, je citerais volontiers : le Cinéma, la musique, la danse, les voyages, les débats citoyens, les activités bénévoles, Internet (Médias sociaux)…

2- Je te suis depuis plus de deux (2) ans déjà et je peux affirmer sans me tromper que tu es accroc aux réseaux sociaux ? Comment a été tes débuts?

Je me suis inscrite sur Facebook en 2009 et j’en avais un usage autre que celui d’aujourd’hui. Friande de débats, discussions sur les sujets liés au développement, à la condition de jeunes, aux droits de l’Homme etc., je me suis très vite attachée au portail Jeunesse de l’Organisation Internationale de la Francophonie découvert en 2011.

Sur la base de mes interventions sur le portail, j’ai été invitée en 2012 par la Direction de l’éducation et de la jeunesse de l’OIF, pour participer à un atelier de formation sur la jeunesse et les réseaux sociaux organisé à Dakar (Sénégal) par l’organisation et le Gouvernement du Sénégal. Des experts et S.E Macky SALL, Président de la République du Sénégal dans le cadre d’un entretien avec les participants, nous ont formés, édifiés sur l’usage « utile » des réseaux sociaux. Ils nous ont invités à être solidaires et à nous approprier ces technologies dans le cadre de nos engagements respectifs. Ces paroles ne sont pas tombées dans des oreilles de « sourd » vu que mon mémoire de Master traite de la solidarité. La suite, vous la connaissez (Sourire). Le déclic vient donc de cet atelier et je ne dirais jamais assez « merci » à l’OIF.

3- Parlons un peu de ton engagement pour la jeunesse, tu ne cesses de partager les opportunités aux jeunes du monde, que ressens-tu en faisant ce travail de partage?

Je me sens utile car je suis une partisane du « moins de discours, plus d’actions ». A un moment de ma vie, j’aurais souhaité avoir des opportunités (bourses d’étude, de formation …) hélas, il me manquait les informations. Et même aujourd’hui, le problème d’accès à l’information est réel pour plusieurs jeunes notamment d’Afrique. Cette prise de conscience sur l’usage « utile » d’Internet et des réseaux humains m’ont conduit à cet activisme. Il s’agit de ma très modeste contribution face aux défis auxquels sont confrontés les jeunes dans le monde en général et en Afrique en particulier.

4- Comment définis-tu la jeunesse ?

La jeunesse est semblable à une pièce de monnaie c’est-à-dire dotée d’une double face. Elle est capable du meilleur comme du pire. De ce fait, elle a besoin d’être véritablement encadrée, soutenue et surtout prise au sérieux.

5- Pour toi, la jeunesse d’aujourd’hui est – t- elle unie ? Sinon, comment faire pour qu’elle soit forte et solidaire ?

Nous ne sommes pas encore assez solidaires. Parmi nous, il y’en a encore qui utilisent l’argument de l’engagement pour leurs ambitions personnelles. Une attitude qui laisse la porte ouverte à la manipulation des « politiques ». Si je prends le simple cas du partage d’opportunités. Certains jeunes ne savent pas partager pourtant avec les TIC aujourd’hui, l’information circule à une vitesse « V ». D’autres trient les informations à partager avec les autres craignant la compétition. Une attitude qui m’amuse assez parce que vous pouvez être retenu sur 1000 comme vous pouvez ne pas être retenu même si vous êtes le seul à postuler. Et si tu ne corresponds pas au profil recherché, dis-toi que l’offre pourrait intéresser un autre.

Que faire pour améliorer cette situation ? Arrêtons de discourir et prêchons par l’exemple. Ne te contente pas de demander pas à l’autre d’être solidaire, commence par l’être toi-même. Il n’ya pas meilleur argument que des actes concrets et visibles.

6-  Quel est selon toi, les principales qualités que les jeunes doivent acquérir pour faire face aux défis qui les entourent ?

 La foi (pour les croyants), l’humilité, la patience, la persévérance, le travail, le sens du partage, l’esprit de solidarité…sont des qualités dont il faut absolument se doter pour faire face à nos défis.

7-  La francophonie pour toi, c’est quoi ?

En effet, pour moi la francophonie la plus intéressante est celle qui se vit entre les personnes (loin de considérations politiques, stratégiques, diplomatiques..) sur la base de valeurs telles que la solidarité, le partage. La diversité culturelle est très forte au sein de l’espace francophone dont les pays membres sont présents sur tous les continents (Afrique, Europe, Amériques. Asie, Océanie). Par l’usage du Français, les personnes d’horizons divers ont la possibilité de transmettre, de se découvrir, d’échanger sur leurs cultures respectives (langues locales, gastronomie, ethnies etc.)

8- Manifestement tu voyages beaucoup, surtout pour des rencontres internationales relatives à la jeunesse, qu’est-ce que t’apportent ces odyssées ?

Lorsque je m’y rends, j’ai la possibilité de faire entendre ma voix et par ricochet celle des jeunes. C’est le principal intérêt. Maintenant pour moi qui ai étudié les relations internationales, il s’agit d’occasions supplémentaires d’asseoir mes connaissances sur certaines questions. Comme, on le dit couramment, « l’école ne finit pas », ces rencontres du point de vue de la forme et surtout du fond se présentent comme des cas pratiques.

L’autre point essentiel, c’est le réseautage. La plupart de temps, on garde le contact avec d’autres participants et c’est très important. D’ailleurs, certaines opportunités que je publie me parviennent de ces contacts.

Enfin, le volet humain, découverte, échange culturel n’est pas le moindre en ce sens qu’il contribue grandement au développement personnel.

9- L’un des prix Nobel de la paix est la pakistanaise Malala Yousafzai, âgée de 17 ans, « pour son combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation », que t’inspire ce choix ?

L’éducation est fondamentale dans la vie de tout être humain. Elle se présente même comme une solution dans le cadre de la prévention et de la gestion des conflits. « Ne parle-t-on pas d’éducation à la paix » s’il faut reprendre l’UNESCO ? Aucun enfant ne mérite d’en être privé. De ce fait, je salue le choix de Malala Yousafzai comme prix Nobel de la paix. Le jury de sélection a fait preuve d’ouverture d’esprit en attribuant cette distinction à une jeune personne dotée de qualités exceptionnelles. C’est un signal fort à mon humble avis qui confirme l’éveil d’une jeunesse assoiffée de changement, en quête de meilleures conditions de vie et en mal de reconnaissance …

10- Pour beaucoup, l’Afrique est peinte en noir, l’analphabétisme, le chômage, les maladies, la pauvreté, … pour ne citer que cela, pourquoi ?

Je n’en veux pas vraiment à ces personnes qui ont une image principalement négative de l’Afrique. Elles sont exposées à des médias qui leur présentent davantage le côté « obscur » du continent.

Dans notre environnement, naissent des médias dit « panafricanistes », il leur revient de rétablir la vérité et de dire au monde que l’Afrique, c’est aussi et surtout une jeunesse entreprenante, une diversité exceptionnelle de cultures, de la joie de vivre, des personnes chaleureuses, des paysages magnifiques, des capitales au niveau de développement appréciable etc.

11- Comment faire pour éradiquer ces maux dont souffre l’Afrique?

Je pense que nous devons avant toute chose, arrêter de voir en « l’autre », la source première de nos problèmes. Et même s’il s’avère que « l’autre »  est effectivement à l’origine de nos malheurs. Quelles dispositions avons-nous pris pour changer la donne ? Responsabilisons-nous, assumons nos erreurs, reconnaissons nos limités, nos insuffisances et mettons tout en œuvre pour nous imposer sur la scène internationale.

Et cette action doit être menée par une volonté politique forte, une vision commune.

12- Quelle doit être la place de la jeunesse en Centrafrique dans la résolution du conflit qui apporte son lot de victimes dans ce pays?

L’action la plus efficace à mon humble avis, serait d’améliorer les conditions de vie de ces jeunes, de les occuper en facilitant leur accès à l’éducation, en créant des emplois décents. Mais, cette mission relève de la responsabilité des gouvernants. Les jeunes à leur niveau, doivent recourir à la sensibilisation, aux méthodes d’éducation à la paix. Ils doivent se mobiliser massivement au sein de leurs communautés respectives. Il s’agirait par exemple dans les « quartiers » de créer des groupes de « sentinelles pour la paix » dont le but serait de réduire au maximum les risques d’instrumentalisation et d’enrôlement des jeunes au sein de groupes criminels et terroristes. Les méthodes sont nombreuses et variées. Je citerais entre autres, les arts de la rue, les représentations théâtrales, les projections publiques de films, documentaires sur les effets dévastateurs de conflits (exemple du génocide rwandais…)

13-  Beaucoup disent que la jeunesse africaine est sacrifiée par les dirigeants politiques ? Quel est ton point de vue ?

Comme je l’ai souligné plus haut, la jeunesse est capable du meilleur et du pire. Hélas, la gouvernance et la situation socio-économique de nos pays ne sont pas favorables à l’expression du « meilleur ». Maintenant, il revient à chacun de nous, de ne pas céder sous l’effet de la pression (aussi forte soit -elle). Faisons appel à nos valeurs et capacités intrinsèques pour relever le défi et changer la donne. La jeunesse a toujours été abandonnée à elle-même et très peu prise en considération. Maintenant selon les contextes, on peut remarquer une évolution (même si légère).

 

14- Un message à passer aux jeunes qui te lisent en ce moment ?

Peu importe les difficultés, les obstacles que nous rencontrons, ne baissons pas les bras. Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Et tant il y a de l’espoir, l’énergie positive, les ressources nécessaires à notre combat ne tariront pas.


Centrafrique, ce pays de paradoxes

Comme si on ne devrait pas être surpris, l’accalmie en Centrafrique, du moins dans la capitale centrafricaine, Bangui a été de courte durée. Après les grimaces des représentants des entités et composantes à savoir l’opposition dite démocratique, les deux principaux antagonistes, la Seleka et les Antibalaka, et la société civile, le calme qui a régné à Bangui fut de courte durée. A l’origine de ses heurts, une raison cachée qui voudrait que la Cheffe de la Transition Catherine Samba Panza démissionne selon les vœux des leaders du mouvement Antibalaka. Cette requête a été reprise par certains chefs Seleka, mouvement qui a pris le pouvoir le 24 mars 2013, ayant conduit à l’éviction de François Bozize du pouvoir.

La violence, seul mode de revendication dans ce pays ?

Nous sommes le jeudi 09 octobre, comme à l’accoutumée, très tôt le matin, je rejoins mon salon pour suivre l’information sur France 24. L’information d’une manifestation organisée par les musulmans du KM5 en réponse à la découverte du corps sans vie et calciné d’un de leur vers le quartier Gobongo. La violence a recommencé dans cette capitale jadis appelée « Bangui la Coquette »devenant maintenant « Bangui la Roquette ». A Bangui comme dans les provinces d’ailleurs, la vie a presque cessé. L’angoisse est devenue omniprésente et la population pris au piège par certains compatriotes voulant coûte que coûte avoir le pouvoir. Le pouvoir, c’est ce à quoi pensent les instigateurs de ce chaos centrafricain. C’est aussi l’eldorado dans ce pays meurtri depuis plusieurs décennies. Pourtant, la démocratie stipule que le pouvoir doit appartenir au peuple et c’est le peuple qui doit l’exercer à travers les urnes. A Bangui, les urnes n’ont plus d’importance, du moins depuis que le coup d’Etat et les rebellions sont devenus des moyens très prisés pour s’accaparer d’un poste ministériel et satisfaire ses désirs de bien-être.

Chez moi, les paradoxes régent en maître

Chez moi, c’est la République centrafricaine. Un pays extrêmement riches selon beaucoup d’experts, bien entendu en sous-sol mais pauvre en réalité par ses chiffres (PIB très faible, chômage exécrable, mortalité très élevé, analphabétisme sans égal, baisse de niveau exponentiel, …). Chez moi, c’est cette folle et meurtrière guerre qui ne dit pas son nom et dont les causes sont l’égoïsme, l’ethnocentrisme, la mauvaise foi,… Et chez moi de manière général, c’est le pays où il y a plus de paradoxes.

Ministère de la jeunesse ou ministère de la Rébellion

Depuis quelques années, le poste de ministre de la jeunesse a changé de camp. Pour récompenser les mouvements de rébellion (comme si faire de la rébellion est une bonne chose), ce ministère clef dans certains pays car la jeunesse représente le lendemain d’un pays, a complètement changé de main. Au lieu de choisir un homme capable de conduire au bon port la jeunesse à travers ce portefeuille gouvernementale, les groupes de rebellions se voient souvent offrir systématiquement le ministre de la jeunesse. Mais comment peut-on mettre un homme qui a commis des violences, -évidemment sur la jeunesse aussi- puisqu’elle représente la part de la population la plus importante, là où on devrait avoir une personne dont, l’exemplarité et la rigueur devrait servir à toute cette jeunesse en perte de vision ?

Que faire pour la Centrafrique ?

Aussi difficile qu’elle soit, cette question doit interpeller plus d’un, en commençant par les centrafricains eux-mêmes. Les différentes crises qui se sont succédées depuis les années 80 méritent d’être élucidées. Il faut tenir le taureau par les cornes. Le mal doit être soigné à la racine. Nous avons assisté depuis trois décennies à la succession d’hommes et de femmes corrompus, sans vergogne, dont le patriotisme et l’intérêt général est le cadet de leurs soucis. Mais que faire ?

1-Changer de mode de gouvernance

Le clientélisme, le régionalisme, la corruption, Comme mode de gouvernance doivent cesser. Il ya eu assez de violence, de victimes, de dégâts humains et matériels, …La démocratie et la bonne gouvernance doivent être au centre de la gestion de la chose de l’Etat. Des assises doivent être organisés afin que la population puisse énumérée elle-même les causes profondes de cette crise qui n’a fait que trop duré.

2-Combattre l’impunité

L’un des problèmes majeurs de la Centrafrique est l’impunité à tous les niveaux. Depuis trois décennies, les responsables d’atrocités n’ont pas répondu de leur acte devant la justice. La chaine pénale doit faire son travail, l’impunité doit cesser. Au lieu que les postes soient octroyés aux personnes qui utilisent la violence pour se faire entendre, les prisons doivent être aménagées pour les accueillir et les rééduquez.

3-Lutter contre le chômage et la pauvreté

Si nous sommes arrivés à ce point, c’est en grande partie à cause de la pauvreté criarde et du taux très élevé du chômage en Centrafrique. La jeunesse n’a jamais été au centre des préoccupations gouvernementales. L’Etat doit penser à l’insertion des jeunes diplômés et des jeunes désœuvrés qui n’ont pas pu aller loin dans les études.


Paix, réconciliation et cohésion sociale pour mon pays la Centrafrique

Après moult réflexion, j’ai décidé de rédiger cet article pour inciter à la paix, la réconciliation dans mon pays en Centrafrique. Je pense que nous nous sommes assez enfoncés et qu’il est temps de faire la paix et se réconcilier en trouvant une issue à cette crise qui n’a que trop duré. Nous sommes obligés, que nous ne le voulions ou pas, de nous donner la main afin que notre pays retrouve la paix tant convoitée par tous. Nous avons besoin de cette paix, nos enfants, nos parents, nos grands-parents, tous sans exception en ont besoin.

Nous avons assez couru, assez pleuré, nous nous sommes assez haïs, nous avons beau nous détruire et détruire les habitations des gens qui autrefois étaient pour nous plus que des frères, des sœurs, des pères et mères que nous appelions affectueusement papa, maman, yaya, …nous devons rouvrir nos yeux car ce qui se passe chez nous dépasse la limite du tolérable. Repensons à tout ce qui peut être bien pour notre pays, toutes les actions qui peuvent concourir à la paix, à la cohésion et à la réconciliation … et à notre cher, beau et tendre pays la République centrafricaine.

Chers compatriotes, tournons la page et avançons ensemble vers une nouvelle République où les bases doivent être la justice, l’équité, l’amour du prochain, le patriotisme, le courage, …bref tout ce qui est bon et avantageux pour le peuple tout entier en pourchassant la corruption, le népotisme, le favoritisme, l’ethnocentrisme, le régionalisme…Nous pouvons changer les choses, nous pouvons écrire une nouvelle page de notre histoire, de l’histoire de notre pays, nous pouvons encore montrer aux yeux du monde que malgré le pire que nous avons connu, nous sommes capables du meilleur. Nous devons faire comprendre à ceux qui pensent que nous sommes tombés très bas, que nous sommes en mesure de nous relever lorsque nous tombons.

Moi j’y crois, je sais que tous ceux qui lisent ces lignes croient aussi en cela et je reste convaincu que quelque soit le temps que cela prendra, on finira par retrouver la voie de la raison car elle raisonne en nous comme un tam-tam dans un village avoisinant.

Que Dieu bénisse la République centrafricaine et le peuple centrafricain


Est-ce que les services de santé mentale pour les jeunes sont adéquats dans ton pays? Quel est l’état et comment l’améliorer?

En Centrafrique, de nombreuses personnes souffrent de maladies mentales. Même s’il est difficile de trouver des chiffres exacts vu la vétusté des services publics et le manque d’efficacité de la Direction de l’Institut des Études Démographiques et Statistiques, tout porte à croire à travers les nombreux cas qu’on peut rencontrer en ville et dans les quartiers ainsi que dans les marchés, que ces personnes sont de plus en plus nombreuses, et par conséquent, leur prise en charge doit interpeller toutes les couches sociales car elles ont besoin de notre aide.

Communément « cabano » en Centrafrique, le lieu où sont soignées les personnes atteintes de maladie mentale laisse à désirer. L’état de fonctionnement est très critique, l’hygiène y est presque inexistante. Ce qui peut obliger à croire que les personnes atteintes de cette maladie sont exclues de la société. On les appelle souvent des fous, des personnes qui n’ont plus d’importance dans la société et pourtant ce sont des êtres qui traversent une crise et qui peuvent remonter la pente. Leur prise en charge est négligée par le gouvernement qui n’y voit pas d’avantage. Dans certains pays, lorsqu’on fait son passage dans un centre hospitalier pour maladie mentale, l’on a beaucoup de chance de s’en remettre à cause du sérieux et de l’attention qu’on leur accorde. Pourtant, en Centrafrique, c’est bien le contraire. Le comble réside dans le fait que cette exclusion devient discriminatoire lorsque la plupart des personnes pensent qu’avoir cette maladie est la conséquence d’actes et de faits de la victime. L’on ignore le plus souvent que la dépression peut amener une personne à séjourner dans un centre pour malade mental.

Ainsi, il faut changer cette vision qui consiste à voir une causalité justifiée de ceux qui souffrent, souvent malgré eux de maladie mentale. La solidarité doit avoir sa place dans la prise en charge de ces personnes qui ont besoin de plus d’attention. L’État centrafricain doit pouvoir réfléchir sur la possibilité d’améliorer la prise en charge des malades mentaux en formant le personnel, et en mettant du matériel adéquat ainsi que des locaux rénovés, sans oublier un budget adéquat pour le fonctionnement de ces centres. Les organisations ainsi que des associations doivent plus se pencher sur cette problématique afin de palier au problème de prise en charge. N’oublions pas, avant d’avoir cette maladie mentale, la plupart des victimes ont été comme nous, nous pouvons alors contracter cette maladie; il faut que nous aidions ces personnes à revivre avec leur faculté mentale.


Que pouvons-nous attendre du sommet Etats-Unis/Afrique ?

 

Barack Obama au sommet USA-Afrique(Photo crédit:https://www.lavoixdelamerique.com)
Barack Obama au sommet Etats-Unis-Afrique(Photo crédit:https://www.lavoixdelamerique.com)

Washington abrite du 4 août au 6 août 2014, le sommet le plus important qui réunit plus d’une cinquantaine de chefs d’État africains. Mais que peut apporter réellement à l’Afrique ce premier sommet ? Changera-t-il grand-chose à la situation de ce continent? Que doivent en attendre les Africains ?

Le sommet regroupe une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement. Convoquée par le président américain Barack Obama, cette rencontre a pour objectif d’offrir aux pays africains la possibilité de présenter les potentialités de leur continent. Le président américain a été clair à ce sujet : il ne s’agit pas de débloquer une enveloppe pour l’Afrique, mais surtout de faire découvrir les richesses de ce continent qui attire les convoitises. Des contrats pourraient être signés entre les pays participants et les grandes firmes américaines. C’est d’ailleurs une très bonne chose pour notre continent.

Pour la plupart des présidents, l’invitation à cette rencontre prouve qu’ils sont considérés par l’oncle Sam comme étant des représentants légitimes. Les dictateurs, qui ont accaparé le pouvoir en Afrique, surtout en Afrique francophone n’ont pas été inquiétés. Si John Kerry, le secrétaire d’État américain a fustigé les présidents qui sont restés longtemps au pouvoir, rien de concret n’a été dit afin de les contraindre à quitter leur fauteuil. Il convient pourtant d’attirer l’attention des chefs d’États africains sur la nécessité de laisser le pouvoir à la jeune génération afin de proposer une nouvelle alternative. Les présidents aspirant à la modification de la Constitution de leur pays doivent être dénoncés.

Pour l’Africain que je suis, ce sommet doit nous permettre d’aller vers des propositions concrètes pour faire face aux problèmes africains que sont le chômage, la pauvreté, les maladies, l’environnement, l’éducation… Nous devons apprendre cependant, à compter sur nos propres efforts. Nous devons savoir que nous avons beaucoup de potentialités et qu’il nous faut nous mettre au  travail pour sortir de cette pauvreté endémique qui caractérise notre continent. Nous ne devons pas attendre qu’un sommet puisse résoudre tous nos problèmes. Nous sommes responsables de notre destin. Nous avons assez tendu la main aux autres et ce geste nous a assez affaiblis. Il nous faut coûte que coûte renverser la tendance.

Barack Obama a été élu par les Américains et pour les Américains

 En tant que jeunes, nous devons demander des comptes à nos dirigeants pour toutes leurs actions. Nous devons nous poser la question de savoir pourquoi nous vivons sur un sous-sol riche et que nous demeurons toujours pauvres… Nous devons prendre notre destin à main. Nous devons nous dire que nous ne sommes pas nés en Afrique juste pour accompagner les autres, nous devons vivre aussi, vivre décemment en profitant de notre richesse et de nos potentialités.

 Les Africains ont toujours cru que Barack Obama étant originaire du Kenya devrait faire plus pour ce continent. Plusieurs personnes ont d’ailleurs versé quelques larmes lors de sa première élection, en tant que premier noir à être investi à la magistrature suprême américaine, le pays le plus puissant du monde. Le rêve de Martin Luther s’est finalement réalisé ce jour et sa mémoire peut reposer en paix. Mais on n’oublie souvent que si Barack Obama est devenu président, c’est pour les Américains. Il a été élu par les Américains et pour les Américains.

 En tant que président d’une grande puissance, il pourrait intervenir dans certains dossiers, mais c’est à nous de prendre le taureau par les cornes et de faire changer la vision que les gens ont de l’Afrique. Voulons-nous que les gens nous voient comme ces habitants d’un continent pauvre, rempli de maladies, avec un manque criant de créativité, sous-développé, une zone de crises et de guerres ? Non. Il faut du changement maintenant et venant de chez nous, pas de l’extérieur. Souvent nous attendons un changement qui doit venir des autres, du ciel ou je ne sais de quel dieu. C’est justement cette conception du changement qui fait que rien ne change.

Ce billet s’inspire de la discussion que j’ai eue avec mes amis sur Twitter. Il fait suite au débat lancé par Cyrille Nanko et le titre lui n’est que du copier-coller de sa question. La contribution de Josiane Kouagheu a été nécessaire pour l’édition de ce billet.