Baba MAHAMAT

À la rencontre de Cédric Ouanekpone, jeune médecin centrafricain

Le 3 octobre 2018, l’ONG CNRJ (Cercles Nationaux de la Réflexion sur la Jeunesse) a dévoilé la liste des nominés au prix mondial de l’Humanisme de la jeunesse*. Les citoyens de tous les pays pouvaient proposer, grâce à la vingtaine de CNRJ dans le monde, un ou une candidate, au prix mondial de l’Humanisme de la jeunesse.

Cédric Ouanekpone, jeune médecin centrafricain, fait partie des quatre jeunes sélectionnés. Et il a bien voulu échanger avec nous sur sa vie, ses combats,…

Cédric Ouanekpone, jeune médecin centrafricain nominé au prix mondial de l’Humanisme de la jeunesse. (Crédit Photo: Page Facebook de Cedric Ouanekpone)

Bonjour, peux-tu te présenter à nos chers lecteurs ? 

Cédric Patrick Le Grand OUANEKPONE, je suis centrafricain. J’ai 32 ans et je suis médecin, en cours de spécialisation en néphrologie.

Quand as-tu commencé à œuvrer pour la jeunesse?

J’ai commencé à œuvrer pour la jeunesse dès le lycée lorsque j’ai pris conscience que pour une société digne de l’Homme, il fallait un investissement réel et sincère dans la jeunesse. J’ai alors intégré le club RFI Bangui Fononon, qui fait la promotion de la jeunesse et de la culture. Conférence débats, poésie, pièces de théâtre, concours de danse et de chanson rythmaient ma vie en dehors de l’école.

Puis, lorsque je suis devenu le président de la coordination nationale de ce club, ma vision était d’en faire un « laboratoire » de formation des jeunes leaders. Je crois que pour avoir plus d’impact, il faut qu’il y ait beaucoup de jeunes formés intellectuellement, mais surtout humainement ! Pour moi, c’est un objectif qui a été atteint. Si tu parcours le peu de structures crédibles de jeunes qui existent en Centrafrique, tu trouveras certainement un ancien membre du club RFI.

Depuis tu continues à t’engager pour la jeunesse… 

Je suis d’accord avec Mandela : le leadership n’est pas positionnel mais comportemental. Mon but est de permettre à d’autres jeunes de développer leur potentiel et de réveiller le géant qui sommeille en eux.

J’ai aidé à créer plusieurs associations des jeunes, couvrant tous les objectifs du développement durable, dont je n’ai pas nécessairement été le premier responsable. Je fais aussi du mentorat depuis plus de 10 ans. Je rencontre les jeunes, parfois en tête à tête si c’est nécessaire. En 2016 par exemple, j’ai totalisé plus de 50 formations animées bénévolement en faveur des associations des jeunes.

Mais un de mes engagements les plus importants a été à la coordination des jeunes de la paroisse Notre Dame de Fatima . On a accompagné les jeunes dans cette partie de la capitale centrafricaine, qui a été très touchée lors de la dernière crise. On a mis en place des centres d’écoute, des fora des jeunes… On a même réalisé un film dont j’ai eu l’honneur d’être le réalisateur. Il s’intitule « la Colombe », on l’a fait avec les moyens de bord pour sensibiliser à la paix…

Bref, en dehors du travail à l’hôpital, la quasi-totalité de mes temps libres est consacré aux jeunes et aux enfants : formation, cours d’anglais, mentorat, art-thérapie avec les petits…

As-tu été confronté à des difficultés dans ton parcours ? 

Bien sur que oui ! La majorité des difficultés rencontrées étaient d’ordre social, financier et psychologique. Lorsque les gens ne partagent pas ta vision, ils ne peuvent pas accepter tes choix … Par exemple, certains ont estimé que je gâchais beaucoup de potentialités dans le bénévolat… Dans ces genres de situations, il faut écouter son cœur pour garder le cap et avancer. Ma force a toujours été de faire ce que j’aime quel qu’en soit le prix. Par ailleurs, issue d’une famille modeste, j’ai été préparé contre les difficultés d’ordre matériel et financier.. J’ai grandi en utilisant les moyens du bord et j’ai appris à me contenter du peu que j’ai.

Cédric Ouanekpone, avec des membres de YALI-RCA (Crédit Photo: Page Facebook de Cedric Ouanekpone)

CNRJ vient de publier la liste des quatre jeunes nominés au prix mondial de l’Humanisme de la jeunesse, qu’est ce que ça te fait d’être sélectionné ?

C’est un grand honneur pour ma modeste personne. C’est la preuve qu’au-delà de mes faiblesses humaines, je suis resté sur la bonne voie, que je n’ai pas eu tort de servir les autres avec joie et désintéressement. C’est la preuve qu’on ne perd rien en faisant le bien, même dans la discrétion la plus totale, car tôt ou tard il sera remarqué.

Cette nomination devra être un signe fort d’encouragement pour tous ceux qui œuvrent pour le bien et la dignité de l’Homme dans les coins les plus oubliés du monde… comme mon pays la RCA. J’aimerais aussi rendre un vibrant hommage aux structures comme le CNRJ, qui ont cet élan d’humanisme pour aller loin s’occuper des cas « désespérés » et souvent oubliés du grand public.

Et si tu venais à remporter ce prix, à qui le décernerais-tu ? 

Je le décernerais à tous les enfants qui sont nés sous des bâches et des tentes sur les sites de déplacés et de réfugiés. Aucun enfant ne mérite de venir au monde dans de telles circonstances. Qu’ils sachent que pour moi, ils sont des héros.

Ce prix sera aussi celui de tous les jeunes qui nuit et jour, par leurs actions, se battent pour la paix et pour la dignité dans mon pays la RCA, dans toute l’Afrique et dans le monde. Car ces jeunes symbolisent l’espoir et le remède à l’isolationnisme, la peur, l’indifférence, le populisme et la manipulation qui gagnent notre monde…

Je le décernerais à ceux avec qui nous avons travaillé pendant les moments les plus fous de cette crise en RCA, pour les moments de joie et de malheurs que nous avions traversés ensemble.

Enfin, à ma famille qui a su faire preuve de générosité pour accepter mes choix et me laisser suivre le désir qui me brûlait le cœur : servir les autres. Elle n’est jamais allée à contre-courant de mes actions, malgré l’insécurité et la peur qui régnaient dans le pays. Alors que j’aurai pu être un remède à sa modestie, ma famille a fait le sacrifice de me laisser suivre ma voie, risquant ma vie à chaque minute de chaque jour pour sauver d’autres vies.

Cédric avec les enfants sur e site des PDIs(Crédit Photo: Page Facebook de Cedric Ouanekpone)

Ton pays, la RCA, traverse depuis quelques années déjà la pire crise de son histoire, quelle peut être la contribution de la jeunesse centrafricaine pour endiguer cette crise?

La contribution de la jeunesse est essentielle pour mettre un terme à cette crise. Même si elle est souvent accusée à tort et à travers, elle demeure la plus grande victime. Les jeunes sont ceux qui ont payé le plus lourd tribut de cette guerre cauchemardesque, que nous avons vécue dans notre chair. C’est à nous, jeunes, de dire non à la manipulation, à la violence et au gain facile.

Il est temps de quitter les faux-débats pour s’attaquer aux vrais défis que sont la précarité, l’ignorance, le chômage et la pauvreté sous toutes ses formes. Il est plus que temps d’entreprendre, d’innover afin d’acquérir notre autonomie, qui est l’arme la plus puissante pour décourager ceux qui nous montent les uns contre les autres.

Quel message aimerais-tu passer à la jeunesse en général ? 

Aux jeunes, l’avenir nous appartient. Ne perdons pas le courage d’oser, d’entreprendre, d’innover et de sortir le géant qui sommeille en nous. Prenons notre responsabilité pour une Centrafrique meilleure et pour un monde digne de tous, en particulier pour les plus démunis et les plus faibles. Nous avons la chance d’écrire de nouvelles pages de l’Histoire avec un monde plus humain et plus pacifique. Ne laissons pas cette chance nous filer entre les doigts.

Comment te contacter ?

Page Facebook: Cédric Ouanekpone, Tweeter: @CdricSon; Courriel:ouane_cedric@yahoo.fr

Son parcours détaillé

Cédric Ouanekpone a d’abord été à la faculté des sciences de la santé de l’Université de Bangui, où il a défendu sa thèse de doctorat en médecine en juillet 2015. Il a ensuite pris part à la formation en leadership civique au centre YALI (Young African Leaders Initiative) de l’Afrique de l’Est à Kenyatta University (Nairobi), puis au Camp des mentors et mentees de YALI organisé à Kigali au Rwanda par l’Université de l’Ohio, au stage médical à l’hôpital universitaire catholique de Daegu en Corée du sud et à la formation en leadership civique à l’Université de l’Indiana (Bloomington, Etats-Unis) dans le cadre du prestigieux Mandela Washington Fellowship, mis en place par l’Ancien président Américain Barack Obama en faveur des jeunes leaders africains et en hommage à Nelson Mandela.

Sur le plan professionnel, il a travaillé bénévolement pendant 3 ans au centre de santé Notre Dame de Fatima à Bangui qui s’occupe des personnes déplacés et démunies en particulier les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Suite à son intégration dans la fonction publique centrafricaine en mars 2017, il a été affecté à l’hôpital préfectoral de Ndélé dans le Nord de la Centrafrique (encore occupé par les groupes armées) où il a travaillé jusqu’en décembre 2017, date à laquelle l’Université Cheick Anta Diop de Dakar lui a notifié son admission en spécialisation néphrologie qu’il poursuit actuellement.

Cédric Ouanekpone a aussi travaillé comme instructeur en premiers secours dans le cadre du projet de restauration de la sécurité intérieur, mené par l’Union Européenne et son partenaire Civipol Conseil. Il a aussi été consultant chercheur pour le compte de la RCA auprès de Global Integrity, qui travaille avec la Fondation Mo Ibrahim pour établir le score d’Intégrité en Afrique.

*Le prix de l’Humanisme jeunesse concerne, forcément, un ou une jeune âgé-e de 16 à 35 ans. Il se déroule à la même période que le prix mondial de l’humanisme général, décerné à Ohrid en Macédoine. Il est donné à des personnes remarquables, « que l’on peut remarquer », sur la question de l’Humanisme.


A la rencontre de Marius Gnalis, jeune entrepreneur centrafricain ferru d’innovation

Nous sommes allés à la rencontre de Marius GNALIS, un jeune entrepreneur centrafricain et qui n’a de cesse de trouver les mots juste pour encourager. Faisant de l’entrepreneuriat un de ses leitmotiv, ce serial entrepreneur croit plus que jamais au potentiel du continent africain et de sa jeunesse. 

Mahamat BABA: Peux-tu te présenter et nous en dire un peu plus sur ton parcours et tes éventuelles expériences? 

Marius GNALIS : Je suis Marius Gnalis, 33 ans, papa d’un petit garçon de deux ans. Je suis sociologue et analyste financier de formation. Après plusieurs stages dans différents secteurs d’activité, j’ai commencé en 2007 comme analyste de crédit dans une banque locale dénommée Commercial Banque Centrafrique (CBCA) pour environ quatre ans avant d’intégrer une agence publique en 2011, Agence Centrafricaine de Promotion de l’Habitat comme Directeur Administratif et Financier. En dépit de grandes responsabilités que j’avais au sein de cette institution et de la passion développée dans la contribution à la politique de l’habitat et du logement social en République Centrafricaine, j’ai quitté au bout de quelque mois ce poste pour mon développement personnel en saisissant l’opportunité de travailler comme gestionnaire comptable du Projet “Scaling Up Roll Back Malaria” sur financement du Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme.

A la fin du projet en 2014, j’ai pris la décision de rouler désormais pour mon propre compte en créant ma première société MediaLink qui intervient dans l’imprimerie publicitaire. A côté, j’ai toujours travaillé comme consultant financier freelancer et j’enseigne la banque et les finances dans différents établissements supérieurs privés de la capitale, Bangui.

Mahamat BABA: Peux-tu nous parler de ton/tes projet(s), ton entreprise?

MG : Il faut reconnaître que la première entreprise que j’ai créée, MédiaLink, n’a pas réalisé le succès que j’escomptais de cette initiative et après deux ans de création, elle fonctionne toujours en mode “start-up” et donc continue de chercher ses marques, de revisiter son business modèle, etc. Et à ce propos, je suis en négociation avec un nouvel associé dans cette dynamique de redéfinition de l’activité et de la stratégie.

Le projet d’entreprise que je porte maintenant, en parallèle, est issu de mon activité de consultant financier freelancer et d’enseignant en montage de projet bancable que j’ai décidé de formaliser en société pour avoir plus d’envergure et d’effectivité au sein de la communauté. Cette entreprise n’a été enregistrée au registre de commerce qu’en décembre 2016 avec pour raison sociale “Be-Africa Innovation Lab” en abrégé “bailab” parce qu’elle se veut un laboratoire de l’innovation en République centrafricaine.

Son logo est formé simplement du sigle de la société “bailab” écrit en caractère Wawati TC avec “bai” en bleu et “lab” en blanc dans un hexagone rose en équilibre homéostatique reposant sur une ligne de même couleur, donnant l’apparence d’une catapulte symbolisant cette volonté de propulser les jeunes entreprises innovantes en République Centrafricaine.

Parce que Bailab veut l’émergence d’un écosystème des affaires sain et favorable à l’épanouissement des startups et petites et moyennes entreprises, il s’investit à simplifier la vie de ses clients en mettant à leur disposition les compétences indispensables à une gestion professionnelle, de sorte qu’eux aussi puissent consacrer davantage leur temps au développement de leur propre clientèle.

La mission de Bailab est de fournir des solutions disruptives et crédibles pour assister les entreprises et autres porteurs d’idées à s’épanouir de façon viable. Il propose des solutions pratiques et mobilise l’énergie de l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème des affaires pour l’éclosion de l’innovation.

Si l’échec fait partie intégrante de l’aventure entrepreneuriale, la myopie aux désastres d’origine managériale ne doit plus en être la cause. Et Be-Africa Innovation Lab existe pour faire de cette vision une réalité en République Centrafricaine.

Concrètement, Bailab a pour activité l’assistance en gestion comptable et financière des petites et moyennes entreprises, le conseil financier, le renforcement de capacité des professionnels par des ateliers de formation et surtout le développement d’un programme d’incubation de jeunes pousses innovantes.

Le financement de démarrage vient d’abord de mes revenus propres tirés des activités de ma première entreprise, MediaLink et de mes activités de consultant freelance. Par ailleurs, j’ai eu la chance de gagner une compétition de business plan organisée par l’USADF (Fondation Américaine pour le Développement Africain) auprès d’environ 600 jeunes entrepreneurs de 14 pays de l’Afrique de l’Est et du Centre; une fierté nationale d’être l’unique centrafricain lauréat de cette compétition où sur les vingt (20) gagnants, l’on peut compter 9 Ougandais, 5 kenyans, 3 Rwandais et 2 Congolais (RDC). C’est en tant que Alumnus du programme YALI que j’ai eu la chance de participer à cette compétition de business plan.

Ce modeste financement va donc me permettre de lancer Bailab. Mais je suis en train de postuler également pour le Programme d’Entrepreneuriat de la Fondation Tonny Elumelu pour espérer des ressources additionnelles pour le projet, en espérant que je sois accepté.

« Pour moi l’entrepreneuriat est un état d’esprit, un élan perpétuel qui anime l’entrepreneur à donner le sourire à l’humain » Marius GNALIS.

Mahamat BAB: Marius,comment t’es venu l’envie ou l’idée d’entreprendre? Quelles ont été tes motivations?

MG : J’ai toujours été animé par le désir de concentrer mes efforts pour résoudre des vrais problèmes qui importent vraiment à mes yeux. Le statut quo et les process datés m’ont toujours révolté d’une certaine manière. J’aime les environnements qui mettent à défi et poussent à sortir des sentiers battus pour expérimenter des options complètement inexplorées. Je n’ai jamais hésité à sacrifier ma sécurité financière lorsque ma liberté de penser et d’agir se bute à un système rédhibitoire qui inhibe ma créativité. Mon expérience de travail salarié a cependant été une occasion d’expérience, de réseautage et aussi d’obtention du capital nécessaire pour mes entreprises personnelles.

Pour moi l’entrepreneuriat est un état d’esprit, un élan perpétuel qui anime l’entrepreneur à donner le sourire à l’humain c’est-à-dire à utiliser de façon créative ses ressources et savoir faire pour trouver une solution aux problèmes et/ou besoins de l’humain. Le fil conducteur de l’entrepreneuriat à mon sens n’est donc pas la recherche première de la richesse ou de la sécurité financière mais plutôt la sensibilité aux besoins pressants pour lesquels un grand nombre de personnes (physiques ou morales) sont prêtes à mettre les moyens qu’il faut pour réduire la tension douloureuse causée par le problème ou augmenter le plaisir tiré de l’agréable satisfaction du besoin. Lorsqu’on entreprend pour l’humain, on crée un valeur assurée.

Pour ce qui concerne précisément Bailab, j’ai développé ma motivation qui est disponible sur mon Blog Google+ et ma chaine Youtube.

Mahamat BABA: Quels ont été les principaux challenges auxquels tu as dû faire face ?

MG : J’ai dû faire face à beaucoup de challenges depuis que je me suis engagé dans l’aventure entrepreneuriale et c’est difficile d’en faire une esquisse exhaustive. Mais je peux en évoquer deux ou trois à titre d’illustration.

Le tout premier défi a été celui de trouver des partenaires qui partagent la même vision. Si ma première entreprise a démarré avec du plomb dans ses ailes avant même le décollage, cela est dû notamment à un choix hasardeux de partenaires non pas par naïveté mais par confiance sans balise. Je continue pourtant de croire que nos entreprises ne vont pas loin par excès d’égocentrisme et de penser que nul ne peut vraiment réussir à construire une empire en faisant le choix d’une aventure en solo. Et le défi c’est de former cette équipe de rêve, cette “dream team” où tout le monde regarde dans la même direction et pose des actions dans le seul et unique intérêt de l’initiative impulsée!

Le second challenge est lié au phénomène de la corruption généralisée à tout les niveaux qui plombe complètement le mécanisme du marché et empêche les entreprises citoyennes de prospérer. La culture des 10% (qui peuvent aller jusqu’à 40%) est une gangrène sinon un véritable cancer qui mine notre économie et dont les grandes victimes sont les entrepreneurs en terme de concurrence déloyale et de spoliation et le Trésor Public en terme de manque à gagner en matière fiscale. Cette situation est entretenue par les services d’achats des institutions et organismes avec la bénédiction passive de l’administration publique.

Un autre challenge c’est dernier temps concerne la disponibilité de local professionnel. Le coût des loyers fait l’objet d’une spéculation telle que l’accès devient tout simplement prohibitif pour les jeunes entreprises. Même les locaux professionnels gérés par l’administration publique notamment la Mairie, l’ONASPORT, etc. font l’objet de trafics complexes contribuant à renchérir le coût pour les chefs d’entreprises. C’est à croire que tout est fait pour décourager les jeunes entrepreneurs à se lancer honnêtement sans chercher rentrer dans les combines de la fraude fiscale pour survivre. A ce sujet, je suis en train de développer le concept d’espace de co-working et si je parviens à lever suffisamment de fonds, je l’initierai dans les prochaines années pour aider les jeunes entrepreneurs et freelancers.

« La richesse est dans l’idée pas dans le capital » Marius GNALIS. 

Mahamat BABA: Pourrais-tu nous parler des personnes qui ont influencé tes choix professionnels ? Personnels (si tu en as : mentors, inspirations…)

MG: Je suis malheureusement de nature très autonome dans mes choix de vie et ne me laisse influencer que par mes convictions. S’il y a une personne qui m’a choqué ou bousculé par son audace et qui, d’une certaine manière, a contribué à renforcer une self-confidence dont je débordais déjà de toute façon, c’est le jeune Samuel Gichuru, fondateur et CEO de Nailab au point que mon entreprise qui devrait s’appeler Kmu.C (Kick Me Up Consulting) est finalement devenue Bailab; l’influence crève les yeux, certes, mais je l’avais mon idée bien avant de rencontrer Sam. Il en est de même du style vestimentaire lorsque j’ai décidé de troquer mes costumes cravate de banquier au profit de t-shirt, jeans et baskets, et en guise de veste une simple hoodie. Tout cela fait un peu “techie” mais ça a le mérite d’être pratique et économique.

Au-delà, celui que je peux considérer comme un mentor de qui j’apprends beaucoup, avec qui je passe beaucoup de temps à discuter, à chercher des solutions innovantes, à imaginer la République centrafricaine telle que personne ne l’a jamais fait, la personne avec qui je peux s’asseoir de midi à minuit, rien que pour échanger notre vision entrepreneuriale, c’est M. Jean-Félix Ouanfio, fondateur et CEO de l’entreprise la Centrafricaine de Partenaires en Construction – Hotel Azimut. Notre proximité fait en sorte ses choix entrepreneuriaux me servent de “case studies” et me permettent de tirer des conséquences pour mes propres choix.

 

Mahamat BABA: Des conseils à donner à un entrepreneur en herbe ou jeune aspirant se lancer ?

MG: Le conseil que je donne toujours aux jeunes aspirants entrepreneurs qui viennent vers moi, c’est de ne pas attendre d’avoir des millions ou des milliards pour commencer. La richesse est dans l’idée pas dans le capital. S’il est impératif de partir d’une “big picture” claire, il faut absolument commencer très petit et ensuite passer à l’échelle une fois qu’on est sûr d’avoir un business modèle extraordinairement rentable avec à la clé une preuve suffisante de clients capables de payer le produit ou le service.

7- As-tu quelque chose à ajouter ? Ou bien, souhaites-tu parler des sujets non évoqués dans les questions précédentes?

MG: L’entrepreneuriat et l’esprit d’entreprise constituent l’un des piliers du développement économique et social car il contribue à la satisfaction des besoins de la population et à la création de richesse et de l’emploi.

Beaucoup de porteurs d’idées innovantes ne savent pas comment s’y prendre pour bâtir une entreprise à succès. Certains se lancent et de nombreux échouent.

Bailab compte organiser dans le future des bootcamps destinés aux porteurs de projet afin d’aiguiser leur esprit d’entreprise et leurs compétences entrepreneuriales, les aider à retravailler et améliorer l’adéquation produit-marché de leur offre et leur donner l’opportunité de pitcher leur projet à des investisseurs.

Bailab voudra également offrir un espace de coworking pour héberger les startups prometteurs et une assistance technique et managériale pour les accompagner jusqu’au passage à l’échelle de leur projet.

Pour mener cette activité, il faudra développer d’une manière ou d’une autre un partenariat public-privé et mobiliser tous les acteurs notamment les partenaires au développement qui malheureusement ne sont attiré que par des solutions de saupoudrage. Je reste convaincu que mon effort à titre privé portera du fruit et drainera les autres se joindre dans ce combat.

Lien utiles

-Vidéo de présentation du projet “bailab”

-Comment est venu l’idée de créer Bailab

-Page twitter de Bailab

-Page facebook  @BeafricaInnovation

 

Remarque: Cette interview a été publiée pour la première fois sur le site entreprendrelafrique.com


#Brisonslapeur: un hastag pour vaincre l’insécurité en République centrafricaine

Depuis quelques jours, le hashtag #Brisonslapeur circule sur les réseaux sociaux pour vaincre l’insécurité en République centrafricaine grâce aux articles des bloggeurs. Il a été initié par l’Association des Blogueurs Centrafricains (ABCA) suite à la rencontre du bureau du comité ad’hoc de l’ABCA avec le Représentant Pays de l’Internews, Pascal Chirha, l’un des partenaires de cette association le 10 février 2017.

Pour le président de l’ABCA, Eric Penzy Ngaibino : « L’objectif du hashtag #Brisonslapeur est de franchir les barrières de la peur, du repli sur soi et de permettre la cohésion entre les communautés. Il est vrai que le désarment est nécessaire et primordial, mais pour nous qui n’œuvrons qu’aux travers de nos blogs, bouches et plumes, le véritable désarmement commence par les cœurs

Hastag créé pour vaincre l’insécurité en Centrafrique

Pour Fridolin Ngoulou, Journaliste-blogueur, Webmaster au réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme et membre de l’ABCA : « Un constat justifie cette campagne de sensibilisation: de nombreux quartiers et villes de Centrafrique défrayent les chroniques en raison de l’insécurité grandissante dans certaines zones. Et les incrédules sont nombreux à vouloir jurer de ne pas fréquenter ces zones qualifiées d’infréquentables ou de zone rouges». Il a poursuivi en ces termes : « pour dénoncer les exactions et pousser les autorités à agir,#Brisonslapeur et préjugés».
Pour Alabira Louqmane, activiste sur les réseaux sociaux, fondateur du groupe « Les réalités du Km5 » qui donne des informations sur ce qui se passe au quartier KM5 et trésorier de l’ABCA: « L’objectif de #Brisonslapeur est d’inciter les victimes à se faire confiance en s’acceptant et en acceptant de vivre ensemble, de cohabiter sans aucune peur, ni préjugé, ni méfiance… Aussi nous allons pousser nos gouvernants à agir dans ce sens pour faciliter tout ce qui brisera la peur, la haine inter communautaire …».

Alabira Louqmane
Alabira Louqmane posant devant l’usine de Mocaf, à Bimbo le 17 février 2017

Eric Penzy Ngaibino revient en expliquant que: « Nous devons d’abord désarmer les cœurs et ensuite viendra le tour des mains… », en réponses à certains compatriotes qui posent comme condition préalable à cette campagne, le désarmement des groupes armés qui pullulent le pays. Et Prudence Yamete, Journaliste d’ajouter que: « l’essentiel es invisible aux yeux, les cœurs doivent être désarmés ensuite les mains et la gaieté s’ensuivront ».

Contexte de crise en Centrafrique
Pour rappel, la République centrafricaine, un pays situé au cœur de l’Afrique, traverse une grave crise de son histoire depuis fin 2012 avec l’avènement de la Seleka. Cette dernière est un groupe de factions rebelles qui a fini par prendre le pouvoir le 23 mars 2013, renversant le régime du général d’armée Francois Bozize. Pendant sa marche sur Bangui et après sa prise de pouvoir, les éléments de la Seleka ayant comme chef, Michel Djotodia avait semé la désolation avec des milliers de victimes, de crimes, …en imposant la peur et les massacres. Les Antibalaka, une milice qui a été créée en septembre 2013 en réponse au phénomène de la Seleka ont occasionné à leur tour de milliers de morts et de déplacés. En fin de compte, la République centrafricaine s’est retrouvée ingouvernable avec des zones où les rebelles font leurs lois, prélèvent des taxes, imposent leur justice,…la violence est devenue quotidienne et les représailles des groupes armés régulières avec, comme seule victime, la population civile prise en otage.
Voici donc plus de trois ans que cela dure. La paix n’a pas pu être imposée en dépit de nombreuses initiatives sous-régionales et régionales pour sécuriser le pays notamment le déploiement des casques bleus de la mission onusienne Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique) depuis 2013. Les élections groupées (législatives et présidentielles) de décembre 2016 qui avaient pour but de faire élire des dirigeants démocratiques afin d’endiguer cette crise après plus de deux ans de transition, portant au pouvoir le Professeur Faustin Archance Touadera, à la présidence et des représentants du peuple à l’Assemblée Nationale, n’ont pas pu apporter la solution miraculeuse, celle de faire régner la paix sur tout le territoire centrafricain.
Ainsi donc, des blogueurs comme Fridolin Ngoulou, Alabira Louqmane, Rosmon Graine de Champion, Fabien Zem, Baba Mahamat, Loic Romy Gotto, Inès Laure , Prudence Yamete, Eric Ngaba, Elodie Tainga Poloko, et bien d’autres se sont lancés dans cette campagne de sensibilisation à travers le hashtag #Brisonslapeur.
Pour rejoindre la cause, rien de plus simple que d’aller vers les autres, de nous rapporter un post ou une image ici sur la toile avec la mention #Brisonslapeur. C’est possible d’avoir la paix si nous la voulons. Alors brisons la peur dans chaque coin de la République centrafricaine.


FIJEV 2016 : les jeunes au cœur de l’économie verte

Par Simon Méthot, Agent de projet au Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada)

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a réussi à mobiliser une centaine de participants au Forum international jeunesse « Emplois verts »  qui s’est tenu à Moncton au Nouveau-Brunswick du 20 au 24 juin.

L’OIF aspire ainsi à accélérer la création de liens et le partage d’idées entre les jeunes porteurs de projets et les experts de l’économie verte. Parmi ceux-ci, les jeunes ont pu rencontrer M. Mustapha Kamal Gueye du Bureau international du Travail et Nicolas Turgeon du Centre de recherche industrielle du Québec.

Logo du FIJEV 2016 à Moncton

FIJEV unit trois des cinq enjeux du RDÉE Canada : la francophonie économique canadiennel’économie verte et la jeunesse économique. En tant que partenaire, le RDÉE Canada et ses membres ont mandaté une équipe d’experts, issus de son réseau pan-canadien, afin de bien outiller les jeunes porteurs de projets qui transforment les défis environnementaux en occasions d’affaires.

Les rencontres entre les jeunes de l’espace francophone du monde entier et les spécialistes francophones canadiens du développement économique ont permis des échanges valorisants, motivants et pertinents.

« Développer l’économie verte est très encourageant pour notre avenir proche et pour les générations futures » confirme Patrice Gauthier, directeur général par intérim du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), présent pour répondre aux questions des jeunes et fournir des conseils en lancement d’entreprise.

Au cours du Forum, les jeunes ont aussi pu participer à un vaste programme d’ateliers portant sur diverses thématiques en lien avec l’économie verte.  Le RDÉE Canada et les représentants sur place de son réseau ont animé les ateliers suivants :

  • L’étude du marché – Identifier les tendances de l’économie verte, présentée par Simon Méthot du RDÉE Canada;
  • L’accès au financement pour le démarrage d’entreprise, présenté par Joel Lemoine du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba.

Au cours des ateliers, les experts ont pu également partager quelques pratiques exemplaires mises en œuvre par le RDÉE Canada et ses membres, telles que :

 

Lors du Forum, l’OIF a également mis en place des sessions de partage entre les experts et les représentants institutionnels. Ainsi, madame Elise Tessier, directrice générale adjointe du RDÉE Canada, a animé une discussion au sujet des « Mécanismes de financement de projets d’emplois verts ». Elle a  mis en avant comment le RDÉE Canada et son Réseau interviennent auprès des jeunes, identifiant les défis communs et les objectifs visés, et ce, afin de maximiser l’impact positif du financement qui est, somme toute, trop souvent limité.

FIJEV2016 a aussi donné l’occasion aux participants de présenter les projets verts qu’ils ont développé dans leur communauté.

Lors de sa visite de la multitude de kiosques, Elise Tessier a été chaleureusement accueillie par les jeunes. Soulignons que, des quelques projets les plus intéressants, elle a retenu les suivants :

  • Vietnam : Production et distribution de produits artisanaux, de broderie ancestrale sur des vêtements, chaussures, sacs, robes, etc.
  • Afrique de l’Ouest : Récupération de noyaux de mangues pour la production de produits cosmétiques adaptés à une clientèle à peau noire.
  • Espagne : Formation technique en santé et pharmaceutique dans la région des Comores pour offrir les soins médicaux de base et réduire le taux de mortalité.

Finalement, les jeunes porteurs de projets entrepreneuriaux et créateurs d’emplois verts ont eu la chance de relever un défi de taille! Ils ont présenté et défendu leurs plans d’affaires devant un jury international. Les dix projets les plus porteurs ont été récompensés d’un accompagnement technique, sous forme de mentorat, et chacun recevra une bourse de 4 000 € pour la réalisation de son plan.

Pour télécharger la liste complète des lauréats du FIJEV 2016, cliquez ici.

Photo de famille FIJEV 2016
Photo de famille FIJEV 2016

image groupe 2

Transformer l’économie globale en une économie verte est indubitablement au cœur des enjeux de développement durable pour les années à venir. Ce sont les jeunes de la génération actuelle qui auront à naviguer au travers des défis afin de découvrir les occasions d’affaires qui s’y rattachent. C’est dans cet axe que le RDÉE Canada participe activement au développement de stratégies d’intervention auprès de la clientèle des jeunes francophones au Canada afin de favoriser l’essor de sa population francophone et acadienne et d’assurer leur contribution à la croissance nationale et internationale.

Pour de plus amples renseignements :

Simon Méthot

Agent de projets, RDÉE Canada

Téléphone : 613-244-7308, poste 208

Courriel : simon.methot@rdee.ca


Que retenir de la transition de Catherine Samba Panza en Centrafrique

Après trois(3) ans de crise politique qui a pris la forme d’un conflit confessionnel avec le temps, la Centrafrique a changé de président mettant fin à la transition, le mercredi 31 mars 2016, par l’investiture du nouveau président élu démocratiquement le professeur Faustin Archang Touadera. Après avoir participé au premier tour comme Vingt neuf (29) autres candidats, le Pr Faustin Archange Touadera a été déclaré vainqueur à l’issu du second tour de la présidentielle qui l’a opposé au banquier et ancien premier ministre Anicet Georges Doleguele.
Mais si les centrafricains se sont mobilisés massivement pour élire leurs nouveaux dirigeants dont ceux de la législature seront au complet après le vote du second tour du 31 mars 2016, pour beaucoup l’heure est au bilan de la transition.

Le nouveau président centrafricain, le Pr Faustin Archange Touadera (Crédit photo: alvinet.com)
Le nouveau président centrafricain, le Pr Faustin Archange Touadera (Crédit photo: alvinet.com)

La transition de Michel Djotodia, après le coup d’État du 24 mars 2013

En réalité, cette transition qui a commencé après les pourparlers de Libreville aboutissant aux accords du 11 janvier 2013 ayant permis la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par le Maitre Nicolas Tiangay sous la présidence du général François Bozize va subir un coup d’arrêt avec le coup d’État de Michel Djotodjia le 24 mars 2013, alors Chef de la rébellion hétéroclite appelée Seleka ayant début en décembre 2012, contraignant l’ancien président François Bozize à accepter de partager le pouvoir avec l’opposition et les groupes politico-militaires. Au temps de Michel Djotodjia avec la Seleka et comme premier Ministre Nicolas Tiangay reconduit à ce poste, le pouvoir a vacillé. Dépassé par des éléments qu’il ne parvient plus à contrôler, Michel Djotodia a été forcé de quitter le pouvoir en janvier 2014 à N’Djamena, lors d’une réunion des Chefs d’États de la CEEAC convoquée par Idriss Deby Itno, Président du Tchad. Mais il faut reconnaitre que l’apparition des milices appelées Antibalaka qui se sont constituées après les exactions de la Seleka a été un élément déclenchant la fin du pouvoir de Djotodia.

Catherine Samba Panza remplace Michel Djotodjia à la présidence de la transition

De retour à Bangui, après quelques jours de présidence transitoire assurée par le président du Conseil National de Transition, Ferdinand Nguendet, Catherine Samba Panza a été élue par les conseillers de la transition. Pour la plupart des centrafricains, élire une femme pour la première fois dans l’histoire de ce pays et d’ailleurs de la sous-région Afrique centrale, est un signe d’espoir car la première femme présidente pourrait basculer la situation, une situation qui ne cesse de se dégrader.

Le premier gouvernement mis en place par Catherine Samba Panza dont le premier ministre désigné était un banquier de formation, André Nzapayeké, alors vice-président de la DBEAC (Banque de Développement des États de l’Afrique centrale) a essayé de prioriser les urgences dont la sécurité était placée en première position. Catherine Samba Panza, qui avait fait un discours appelant les antagonistes, les Seleka et les Antibalakas (qu’elle appelle d’ailleurs affectueusement ses enfants) à faire preuve de patriotisme et à l’écouter, leur mère pour éradiquer la violence et entrevoir une porte de sortie à la crise à travers le dialogue.

Mais très vite, elle sera désenchantée. Les poches de violences occasionnées de part et d’autres par les deux groupes hostiles à la paix, la feront comprendre que la lourde tache dont elle hérite ne sera pas du tout facile. D’ailleurs elle le dira plus tard dans jeune Afrique, lors d’une interview que, même si elle était persuadée lors de son élection, que la tache qui l’attendait était énorme, elle ne pouvait s’imaginer un seul instant que la pression allait être extrême à ce point.

Et il y a eu périodiquement, quasiment chaque, un à deux mois, des soubresauts occasionnés par ceux qui sont hostiles à la paix. Le 10 août 2014, Mahamat Kamoun sera alors nommé premier ministre de la transition en remplacement d’André Nzapayeke après les pourparlers de Brazzaville sous l’œil vigilent de Denis Sassou Nguesso, président du Congo et médiateur de la sous-région dans la crise centrafricaine. Une nomination, qui semble-t-il devrait permettre de calmer la coalition Seleka revendiquait ce poste afin de revenir à de bons sentiments.

Après la transition, l’heure du bilan de la transition

Le 30 mars 2016 a sonné la fin d’une longue transition qui a duré plus de 3 ans. Mais que retenir de cette période dont d’énormes sacrifices ont été consentis par le peuple centrafricain, obliger de subir l’humiliation que lui imposent les belligérants?

Le dossier sale de la transition, « L’Angolagate »

Certes, si Catherine Samba Panza peut s’enorgueillir d’arriver au but ultime qui est celui d’organiser des élections crédibles afin de laisser sa place à son remplaçant, il y a un certain nombre de questions qu’il faut élucider. L’affaire du don angolais dévoilé par Jeune Afrique appelé ‘Angolagate’ restera dans la mémoire des centrafricains. Ce don d’un montant de 10 millions de dollars (7,8 millions d’euros) fourni par le président Angolais José Eduardo dos Santos qui a fait couler beaucoup d’encres sur la gestion opaque des fonds alloués à la transition. Et si Jeune Afrique a pu dévoiler, après enquête cette affaire d’un don, on ne saurait dire quant à la gestion des autres aides reçues par la transition.

Le forum de Bangui et le début de la réconciliation

Le forum de Bangui qui s’est tenu du 4 au 11 mai 2015 a réunit presque toutes les entités de la société centrafricaine. Partis politiques, société civile, la jeunesse, les associations féminines, la diaspora, … a été un succès même boycotté par certains belligérants. L’un des points forts demeurent la signature d’un accord de désarmement entre les responsables de la Seleka et des Antibalaka, deux groupes antagonistes. C’est à l’honneur de la présidente qui a tenu bec et ongle, à rassembler ce grand nombre de centrafricains afin de laver le linge sale en famille. Les résolutions qui en découlent sont nombreuses mais la mise en œuvre et le suivi restent un défi de taille pour un pays où les conférences, les dialogues, les pourparlers et les accords ne peuvent être dénombrés.

Et même si le chemin de la réconciliation est encore long, Catherine Samba Panza aura été celle qui a posé les bases de la réconciliation. Quid à son successeur Faustin Archange Touadera qui a pris le pouvoir, de continuer sur la même lancée afin de garantir le vivre ensemble, la sécurité sur toute le territoire ainsi que d’amorcer le développement durable dans ce pays très en retard par rapport à ses voisins.

Faire l’audit de la transition, une priorité pour la nouvelle équipe

Catherine Samba Panza a certes fini son mandat le 31 mars 2016 en tant que présidente de transition en Centrafrique. Cette femme d’affaire qui a été propulsée à la faveur du désordre organisé de la Seleka a pu conduire le pays aux élections. C’est ce que tout le monde retiendra. Le forum de Bangui qui a connu un succès, quoique boycotté par certains belligérants est à mettre à son compte. Cependant, la transition ne doit pas être dédouanée de l’amateurisme dans la gestion des finances publiques. Il est ainsi, dans le souci de transparence et au nom de la continuité de l’État, plus qu’urgent que les nouvelles autorités élues puissent procéder à l’audit de cette transition, et ce, dans tous les domaines.