Centrafrique : le tarmac de l’aéroport Bangui M’poko, la place Tahrir centrafricaine?
« On ne veut plus de cela », s’insurge l’un des manifestants occupant le tarmac de l’aéroport international Bangui M’poko sécurisé au lendemain du putsch du 24 mars 2013 par des soldats français en appui aux forces sous-régionales de la Fomac (Force force multinationale de l’Afrique centrale). Nous sommes mardi 27 août, vers 21 heures, une foule de populations venus de Boeing, femmes, enfants et hommes alertés par une expédition punitive de la Seleka – comme toujours – se rend et envahit le tarmac de l’unique aéroport de Centrafrique. Ils y passeront toute la nuit et malgré une l’intervention des autorités tant politiques que religieuses, ils n’ont pas cédé. Oui, ils sont entre 3000 à 4000 selon un soldat présent à l’aéroport. Cette manifestation -occupation- qui a duré un peu moins de 48 heures est la seule manière qui reste aux Centrafricains des quartiers meurtris de Bangui à crier leur râle-bol et manifester contre les violations régulières – exécutions sommaires, viols, pillages systématiques– qui se réalisent lors des opérations dites de désarmements par les éléments de la Seleka.
Deuxième type de manifestation pour les populations de Bangui
Après les concerts de casseroles qui n’avaient duré que quelques jours dans la capitale centrafricaine, une autre forme de manifestation spontanée a vu le jour dans ce pays où tyrannisée par des éléments dits incontrôlés à la gâchette facile, n’ayant aucun respect pour la dignité humaine, la population laissée à son triste sort s’organise pour faire entendre ses souffrances. Les éléments de la Seleka, l’ex-rébellion au pouvoir depuis le 24 mars 2013 ont investi les quartiers de Boeing et Boulata, après leur entrée le 18 août dernier à Boye-Rabe faisant plusieurs victimes dont des morts et blessés ainsi que des scènes de pillage. Ces manifestants très déterminés exigent du gouvernement l’arrêt immédiat des pillages et des violations faites à l’encontre des civiles. Ils ont été appuyés le mercredi 28 août par une partie des habitants de Boye-Rabe et des quartiers environnants. Un marché a été improvisé et la vente de certains produits notamment des fruits et des denrées de première nécessité peut se faire sur place sur le tarmac. Jusqu’au début d’après-midi du mercredi, les manifestants étaient encore présents sur le tarmac malgré la médiation des certains membres du gouvernement ainsi que des responsables religieux. Mais ils ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes par les éléments de la Fomac.
Deux changements majeurs ces derniers jours à Bangui
En début de semaine, le président de la transition Michel Djotodia a pris une décision importante, le remplacement du puissant ministre de la Sécurité publique Adam Nourredine par le ministre des Affaires religieuse et des minorités, Josué Binoua. Ce dernier qui a déjà occupé ce poste sous la présidence de François Bozizé ancien président de la République est de l’ethnie de certains habitants de Boye-Rabe. Pour beaucoup, ce changement intervient comme une sanction à l’encontre de Adam Nourredine qui serait le cerveau des opérations musclées de Boye-Rabe le 18 août, une opération dont le président de la transition ne serait pas informé selon la RFI. Autre décision majeure, la décision prise à l’issue du Conseil de sécurité de Centrafrique présidé par Michel Djotodia qui a décidé que les éléments de la Seleka quittent Boye- Rabe et qu’ils soient remplacés par les forces de la gendarmerie et de la police avec l’appui de la Misca.
Des opérations de désarmement aux arrêts
Le pays traverse depuis plusieurs mois une situation sécuritaire très préoccupante. En cause, la prolifération des armes de tout calibre. Bangui est devenu une poudrière et peut exploser à tout moment. Après l’affrontement de Gobongo faisant plusieurs pertes du côté de la population civile et de la Seleka, la Fomac s’est décidée de désarmer les rebelles. Une opération qui a permis de recenser une quantité importante d’armes et d’apaiser la situation à Bangui. Cependant, depuis le 1er août, la Fomac (force multinationale de l’Afrique centrale) a été remplacé par la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) qui tarde à être opérationnelle. La Fomac qui était dotée de quelques
Le soutien de la France au Misca
Lors de son discours devant les ambassadeurs Français, Le président Français François Hollande a parlé de la somatisation de la situation centrafricaine et a insisté sur le rôle que joué l’Union africaine dans la résolution rapide de cette crise. Il a par ailleurs ajouté que le Conseil de sécurité doit se saisir de ce dossier afin de trouver une solution rapide. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a rappelé la position française ce mercredi. Les récents événements permettront à la France et à l’Union africaine de multiplier leurs efforts pour arrêter ce bain de sang ? Les jours à venir nous diront davantage.
Un peuple meurt et la communauté internationale l’oublie. Une chose est sûre, la population qui est longtemps restée soumise n’en veut plus et ira au delà si rien n’est fait pour améliorer la situation.
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