Le système éducatif africain et le mystère autour des examens de fin d’année

Article : Le système éducatif africain et le mystère autour des examens de fin d’année
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26 juillet 2013

Le système éducatif africain et le mystère autour des examens de fin d’année

 Corruption, baisse de niveau, favoritisme, infrastructures inexistents, echec aux examens, autant de problèmes que le système educatif africain fait face sans vraiment réussir à les faire reduire voire disparaître. Dans ce billet collectif, qualque blogueurs ont collaboré en parlant de la situation de l’éducation dans leurs pays respectifs.

 

 Sinatou Saka, Bénin

 

 

Faible taux de réussite au Bac au Bénin: Causes et essais de solutions

 

« Les résultats du baccalauréat 2013 (32.35 pour cent d’admissibles) au Bénin sont depuis quelques jours, objet de controverses et de polémiques. Cependant le problème est plus profond et est dû à deux facteurs. Les échecs sont dus d’abord aux enseignants qui ont reconnu qu’en leur sein, il y en a qui n’ont pas le niveau requis ou les qualifications qu’il faut pour bien transmettre le savoir aux élèves. Outre cette raison, il y a le faible niveau des élèves qui pour la plupart, arrivent difficilement en terminale, pour certains, sans CEP ou BEPC. Il est donc important de consolider les savoirs des enseignants, d’adopter une politique de recrutement plus claire et d’installer dans les écoles des conseillers d’orientation pour guider et accompagner les élèves. »

 

Baba Mahamat, Centrafrique

 

L’éducation centrafricaine, une descente effrenée dans l’enfer

Avec seulement 6,9% d’admis soit 737 déclarés admis et 1.957 autorisés à subir les épreuves du second groupe sur 10.665 candidats ayant composé en juillet 2005, le mystère qui tourne autour de ce examen national en Centrafrique est loin d’être élucidé. Les résultats du baccalauréat 2005 proclamés ont été rendus publics à l`issue d`une délibération présidée par le ministre de l`Education nationale de l’époque, Timoléon Mbaïkoua. Depuis 2003, ces résultats qui ont souvent été controversés témoignent des tensions dus à des fraudes massives qui parfois, contraignent le ministère de l`Education nationale à annuler partiellement certaines épreuves pour divulgation de sujets et autres pratiques néfastes.  Au delà de tout soupçon, la question de la baisse du niveau en Centrafrique n’a pas été au cœur de la politique des différents gouvernements qui se sont succédé depuis plus de deux décennies.

Après les mutineries (1996 et 1997) qu’à connus le pays, la chute du niveau s’est faite de manière vertigineuse et elle est bien entretenue pour qu’elle soit irréversible car tout le monde trouve son compte. D’années en année, on assisté à un système bien que médiocre mais bien entretenue par tous les acteurs : ministère de l’éducation, parents d’élèves et d’étudiants, politiciens, élèves et étudiants. Et en cause, on se retrouve avec des enseignants très mal formés dans la plupart des cas, un manque de motivation total des enseignants à cause de conditions de travail exécrables, des arriérés de salaires et de frais de vacation incalculables, des parents de plus en intransigeants pour que leurs enfants passent en classe supérieure peu importe le chemin emprunté, des infrastructures presqu’inexistantes, la surpopulation dans les classes, manque de reformes.

Les autorités doivent savoir que « les coqs qui chantent étaient d’abord des œufs » (yombe). Avant qu’ils soient président, ministre, ou directeur, ils étaient passés par l’école et doivent impérativement réfléchir à des reformes dans le secteur éducatif pour offrir une bonne formation. Pour rompre avec ce système qui ne fait que creuser davantage le trou en abaissant le niveau éducatif, il faut absolument crever l’abcès car on ne peut pas faire une omelette sans casser les œufs. Le baccalauréat 2013 qui aura lieu selon les dernières informations le 20 août 2013 – à cause des troubles que traverse le pays – ne fera vraisemblablement pas l’exception : plus d’échecs et même la plupart des admis ne mériteraient pas et auront très peu de chance pour affronter les études universitaires, véritable baptême du feu pour tout lycée en Centrafrique. Wait and see.

 

Thierno Diallo, Guinée Conakry

 

En Guinée c’est ce mercredi 17 juillet 2013, après près de deux mois d’attente, que les candidats aux différents examens nationaux ont été fixés sur leur sort. Au vu des pourcentages, on constate à une légère amélioration par rapport aux années précédentes.

En effet, au CEP (connu généralement sous l’examen d’entrée en 7e Année) 64,03% de candidats ont réussi à obtenir leur admission pour le collège. Au BEPC – Brevet d’Etude du Premier Cycle – ils sont 43,21% à être déclarés admis. Enfin au baccalauréat unique, on a enregistré 34,69% de réussite dans toutes les options confondues.

Contrairement aux années antérieures, ce sont les Sciences Sociales qui ont connu le plus faible nombre d’admis, seul 10%. Une surprise qui n’est pas restée sans commentaires. Puisque cette option était jusqu’ici considérée par les élèves médiocres des Sciences Mathématiques et Sciences Expérimentales comme un chemin sûr qui ouvre la porte aux   institutions d’enseignement supérieur.

En quelques mots, lorsque les élèves échouent dans les autres options d’aucuns transhumensaient en sciences sociales qui leur offraient la possibilité d’accéder à l’université. Cela semble être sur le point d’être révolu. À signaler qu’un malheureux bachelier s’est suicidé quelques heures après la proclamation des résultats. Le défunt venait d’apprendre son échec en philosophie pour la quatrième session consécutive.

 

Josiane Kouagheu, Cameroun

 

-Le Bac et moi, un amour douce amer

Le baccalauréat au Cameroun, je le compare au fruit qui veut murir, mais qui ne murira jamais. Mon histoire avec lui est toute une histoire, comme celui du Camerounais lambda qui a traversé cette étape. Tout commence en terminale. Vous savez, là, on se croit vraiment le plus fort. On regarde de bas, les cadets des classes antérieures. Facile! On vient de traverser la classe de première, le tamis, le vrai pont. «J’ai mon probatoire hein ? », dis-tu orgueilleux au cadet. On débarque alors en terminale. Dernière corvée avant la liberté. On fait des cours avec des profs qui vous vantent à longueur de journée la vie estudiantine, l’après bac. Je pense qu’ils essaient plutôt de nous plonger dans leur rêve, le monde qu’ils auraient voulu construire. Pauvres profs! On travaille alors comme un forcené. Mais non que dis-je? On se force à travailler comme tel. Après neuf mois, on s’assoit pendant cinq jours et on « compose le baccalauréat ». Deux mois plus tard, on est admis. On crie à perdre la voix, la famille mange à satiété.

Mais pauvre bachelier(e), sais tu que vous êtes 50 739 à l’avoir eu en 2013? Vous étiez 91 195 candidats au départ ! 53,3% de taux de réussite. Pas mieux qu’en 2012. Heureux vous !  Sais-tu que tu fais peut-être partie de ceux et celles qui l’ont obtenu avec une moyenne de 8/20? Que sais-tu au fond? Que tu es un chômeur de plus, un bandit de plus, une prostituée de plus, un mendiant de plus…heu, un ingénieur de plus, un médecin de plus, un comptable de plus…? Mieux ! Je n’insulte pas notre cher bac et vous non plus! Que non, il me laisse aujourd’hui de marbre. Avoir ou pas, quelle différence au fond ? La majorité des admis se compte parmi les pauvres étudiants de demain ! A la fac, certains veulent partir, d’autres veulent entrer. Je veux passer un message à l’Office du baccalauréat du Cameroun : «donnez la réussite aux meilleurs. Revoyez avec les ministres (qu’ils sont nombreux dans le gouvernement de popaul) un nouveau modèle d’éducation. Répariez sur autre chose. Cessez de délibérer à 7, 8… En tant que bachelier, on n’aspire pas au chômage. On aspire à une vie meilleure».

Et moi qui ne connais même pas la vraie histoire de mon pays, où vais-je ? J’ai eu mon bac. Oui c’est bien, mais en étudiant l’histoire des autres. Pauvre Cameroun ! Pauvre de moi !

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