Centrafrique : vers un conflit confessionnel inévitable ?

Article : Centrafrique : vers un conflit confessionnel inévitable ?
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11 septembre 2013

Centrafrique : vers un conflit confessionnel inévitable ?

Les derniers évènements survenus à l’ouest de la République centrafricaine, notamment dans certains villages de Bossangoa et à Bouca laissent croire que les Centrafricains sont loin du bout du tunnel qu’ils espèrent atteindre. Les violences sans précédent dont l’ensemble de la population est victime sont loin de se terminer. Un autre cycle de violence, une insurrection vraisemblablement commanditée par l’ancien président François Bozizé a débuté les hostilités depuis le 06 septembre dernier. Le bilan dans les villages environnants les villes Bossangoa et de Bouca  fait état de plus d’une soixantaine de morts, essentiellement la population civile.

Début des opérations de désarmement à Bangui, combats à l’Ouest

Ces évènements qui surviennent juste au début de la transition, laquelle marque le début du processus d’un retour à l’ordre constitutionnel sont très inquiétants. Une autre forme de conflit se pointe à l’horizon. Les hommes de François Bozizé responsables des attaques sont accusés d’avoir perpétré non seulement des pillages, mais également des exécutions sommaires et d’avoir brûlé des maisons de la population musulmane. Ces actes qui ne devraient normalement étonner personne laissent présageaient un genre de conflit, depuis quelques temps déjà, avec l’avènement des hommes de la Seleka dits « incontrôlés ».

Selon la déclaration du nouveau porte-parole de la présidence Guy Simplice Kodégué qui a pris ses fonctions le 5 septembre après sa nomination survenue le 21 août dernier, François Bozizé est pointé du doigt. Une accusation confirmée par des proches de l’ancien président dont son porte-parole, Levy Yakite. Ce nouveau cycle de violence intervient au lendemain des opérations de désarmement volontaire lancées par le nouveau ministre de la Sécurité, Josué Binoua dont les fruits sont appréciés par la population. Une opération qui n’a jusqu’à lors débuté qu’au niveau de la capitale Bangui, les provinces continuent d’être contrôlés par les chefs de guerre de la Seleka.

 L’arrivée de la Seleka et les pillages et spoliation des biens, la destruction des édifices publiques et privées, les exécutions ciblées dont les victimes sont essentiellement chrétiennes, l’insécurité grandissante sont autant de causes qui laissent présager un conflit confessionnel entre chrétiens d’une part et musulmans d’autre part. Une situation qu’exploite François Bozizé afin d’accéder à nouveau au pouvoir. Pourtant, ce pays de Barthélémy Boganda n’a jamais vécu une situation semblable, l’harmonie entre ces deux religions n’a jamais été mise à rude épreuve.

Risque de généralisation d’affrontement interreligieux, deux acteurs pointés du doigt

Deux acteurs principaux portent la responsabilité de cette crise sans précèdent qui n’en est qu’à ses débuts et risquant d’être généralisée dans toutes les régions du pays.

D’un côté, François Bozizé qui jusque là, n’accepte pas son éviction du pouvoir et joue au légitimement élu, en créant en France le FROCCA (Front pour le retour à l’ordre constitutionnel) qui dispose d’une branche armée. Les hommes qui ont attaqué les villages autour de Bossangoa et Bouca se réclament des « Anti Balaka », un autre mouvement créé en plus d’autres qui existent déjà depuis quelques temps dont le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) du général Abdoulaye Miskine qui, selon un communiqué récent, serait rallié au FROCCA, le Collectif des officiers libres de Joachim Kokaté, et le Morepol de Levy Yakete. De l’autre côté, le président de la transition, Michel Djotodia qui décidément ne parvient pas à contrôler son troupeau de la Seleka qui se livre, près de six mois après le coup d’Etat du 24 mars, à des  activités peu orthodoxes. Exacerbée, la population se trouve  prise au piège par la volonté des deux leaders de conforter leur position.

 La population chrétienne exaspérée par les violences perpétrées par la Seleka

Depuis le lancement des hostilités par la Seleka, les chrétiens ont été les principales cibles. Plusieurs milliers ont perdu la vie. Que ce soit à Bangui ou dans les provinces, cette tranche de la population accuse les Centrafricains musulmans d’être complices des exactions. A Bangui par exemple,certaines personnes affirment que les biens pillés se retrouvent pour la plupart dans le quartier KM5, fief des musulmans. Même si certains musulmans ont connu des pertes, les principaux quartiers ciblés restent ceux où les chrétiens y vivent. Exaspéré, la population de Boeing par exemple a été contrainte d’occuper le tarmac de l’aéroport international Bangui M’poko pour attirer l’attention des autorités.

Un conflit confessionnel ne fera qu’aggraver la situation déjà très précaire

Nous ne pourrons souhaiter ainsi qu’il y ait un affrontement interreligieux, ce qui empirera davantage la situation déjà dramatique. Ces derniers jours, la population se trouvant dans les zones de combat ont trouvé refuge en brousse, un refuge qu’ils avaient occupé pour la plupart déjà, il y a encore quelques semaines à cause des exactions, pillage et exécutions attribuées aux éléments de la Seleka.

A l’allure où vont les choses, une intervention d’une force neutre et impartiale sous la bannière des Nations-unies est plus qu’importante. On se rappelle encore de la résolution de l’Union africaine autorisant le déploiement de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique), une force qui reste jusqu’à présent comparée à la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) qui éprouve de sérieuses difficultés à aider les nouvelles autorités de Bangui à assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire. Les partenaires de Centrafrique ont plus que jamais la nécessité de jeter un œil au triste sort réservé à ce peuple qui est au bord de la faillite. La réunion de l’ONU qui devrait avoir lieu la fin de ce mois avec notamment la présence de la question centrafricaine le 23 septembre nous dira davantage sur la volonté des membres du Conseil de sécurité à résoudre le cas centrafricain.

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Commentaires

Salma Amadore
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hum baba je te dis que les gens de l'ONU là sont très occupés avec la Syrie, donc si on les attend les gens mourront d'avantage, je pense que les leaders religieux doivent créer une plate forme d'expression

Baba MAHAMAT
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Oui Salma, tu as raison pour la mise en place d'une plateforme religieuse. je pense qu'un travail dans ce sens a été d'ordre et déjà abondé mais le problème est plus béant au point où il faut une intervention neutre et externe pour ramener tout le monde à la confiance. Nous avons un problème très béant qui a commencé il y a plusieurs décennies. La Seleka n'a été qu'un déclencheur.