Janvier, mois record des accords pour la Centrafrique

Article : Janvier, mois record des accords pour la Centrafrique
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28 janvier 2015

Janvier, mois record des accords pour la Centrafrique

On se souvient encore si c’était hier. Les Centrafricains viennent (encore ?) ce soir d’être informés pour la énième fois qu’un accord dit de cessation d’hostilité vient d’être signé entre les deux principaux acteurs de la crise centrafricaine : François Bozizé renversé le 24 mars 2013 lors d’un putsch par Michel Djotodjia éjecté de la magistrature suprême par les accords de Ndjamena en janvier 2014.

Le 11 janvier 2013, les Centrafricains ont salué dans l’unanimité les accords de Brazzaville mettant fin aux hostilités entre les troupes de Michel Djotodjia issues de la mouvance Seleka et le pouvoir de Bangui commandé alors par l’ancien président François Bozizé. Ce dernier, contraint par ses pairs de la sous-région Cémac et aussi par l’avancée fulgurante des rebelles Seleka a signé signer lesdits accords de Brazzaville du 11 janvier 2013. Accords qui ont accouché d’une souris, et Bangui changera d’homme fort le 24 mars 2013. Ce changement quoique, voulu par la majorité de Centrafricains a très vite été regretté par la population exacerbée par le lot de malheurs qu’elle subit quotidiennement depuis l’accession au pouvoir de la Seleka.

Assassinat, viol, pillage à grande échelle, kidnapping, torture, menaces… ont été le quotidien du Centrafricain. Une situation qui a donné raison à François Bozizé, qui affirmait avec forcequ’il restait l’unique président légitimement élu par les Centrafricains et que la Seleka n’était constituée que de mercenaires venus des pays voisins, dont le Tchad et le Soudan pour islamiser les Centrafricains. Plus de dix mois après, Michel Djotodjia n’a pas pu faire asseoir son autorité afin de ramener la paix. Il clamera qu’il ne peut contrôler que les hommes avec qui il était venu, mais pas ceux enrôlés lors de la prise de pouvoir qu’il accuse d’avoir créé ce désordre.

Début janvier 2014, lors du sommet de la CEEAC à Ndjamena, les membres du Conseil national de transition seront convoqués en urgence à Ndjamena pour une concertation dont l’ordre du jour n’était pas accessible. Très tard, ils seront convoqués à l’aéroport Bangui M’poko pour rejoindre un avion affrété à la dernière minute pour leur déplacement. Michel Djotodjia qui était déjà à Ndjamena ne savait pas que son sort était scellé. Son premier ministre de l’époque, Nicols Tiangay sera aussi éjecté. Pour apaiser la situation et sous le mécontentement de certains conseillers, il sera demandé aux membres du Conseil national d’élire un candidat en remplacement de Michel Djotodjia contraint à la démission pour l’intérêt de la paix en Centrafrique. Ferdinand N’Guendet, qui est jusqu’à là, à l’ombre sera fait président de la transition conformément aux dispositions du code de la transition adopté par le Conseil national de la transition (CNT).

Le 21 janvier 2014, Catherine Samba sera élue chef de la transition par les membres du CNT, un choix salué par la plupart des Centrafricains et surtout par les acteurs en conflits à cause de sa neutralité. Très vite, elle épousera les vieilles pratiques des pouvoirs auxquels elle a succédé, et malgré la mise en place de plusieurs gouvernements de transition, elle ne sera pas à mesure de renverser la balance pour la paix en Centrafrique. Le démon qui hante la Centrafrique est loin d’être neutralisé !

Début janvier 2015, sous la demande du médiateur de la crise centrafricaine, en la personne de Denis Sassou Nguesso, président du Congo, une rencontre a été convoquée (sans informer les autorités centrafricaines ?) à Nairobi pour faire associer les deux principaux acteurs du chaos centrafricain. Un accord est signé à l’issue de ces tractations qui ont duré plusieurs jours dans la capitale kényane par les deux parties antagonistes. Selon RFI, un document de quinze pages a été concocté et les signataires (François Bozizé et des représentants de la milice anti-balaka et Michel Djotodjia et les représentants de la Seleka) ont tenu à dessiner les contours d’un processus de paix en Centrafrique. La mauvaise nouvelle dans tout cela est le fait que l’amnistie générale soit érigée en mode de règlement pour faire accepter cet accord par les parties signataires.

Au rythme où vont les choses, on ne sera pas surpris de voir une nouvelle équipe de transition succéder celle de Catherine Samba qui entretiendrait en ce moment  des relations glaciales avec son homologue et médiateur de la crise centrafricaine Denis Sassou Nguesso selon le Jeune Afrique, alors qu’il est le principal soutien de la transition en place.

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