Faut-il encore faire confiance à la justice centrafricaine ?

Article : Faut-il encore faire confiance à la justice centrafricaine ?
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Faut-il encore faire confiance à la justice centrafricaine ?

Panneau bois Lex, par  Rémi Noyon (Flickr/CC)
Panneau bois Lex, par Rémi Noyon (Flickr/CC)

Je n’ai jamais compris comment la justice Centrafricaine marche chez nous. Du coup, je ne lui ai jamais fait confiance, je n’ai jamais cru à son devoir d’impartialité et aux sentences rendues. Je ne sais pas si chez vous, la justice fait correctement son travail mais chez nous, elle est mise en doute par les plaignants. Pour moi,  cette justice n’œuvre que pour les plus forts. Pour corroborer mon propos, je vais vous raconter deux petites histoires que je ne parviens pas à chasser de mon esprit avant d’arriver aux poursuites lancées contre l’ancien Président François Bozize.

En 2005, mon grand-frère s’était rendu au Tchad, à N’Djamena pour ses vacances. De retour en décembre, il avait ramené une bicyclette qui lui avait couté une centaine de mille. Trois mois plus tard, un jeune du quartier, sous prétexte d’aller juste faire une course, avait disparu avec la bicyclette. Après des recherches qui n’ont, malheureusement, donné aucuns résultats probants, mon grand-frère a décidé d’amener l’affaire au niveau du commissariat de notre arrondissement appelé OCRB de Ngou-Ciment.

Le vélo qui disparaissait deux fois

Il suit de bout en bout la procédure et décide à son niveau de continuer lesdites recherches. Après une semaine, on l’informe que le voleur se trouverait à Boressé, une localité située à une trentaine de kilomètres de Bangui, la capitale centrafricaine. Il s’y rend avec un de ses amis, et tous deux ramènent le fugitif jusqu’au commissariat. Au bout de quelques heures, le voleur avoue avoir vendu la bicyclette au fils d’un commissaire. Mon grand frère ne s’arrête pas là et après son enquête, retrouve le domicile du receleur.

Il ramène la bicyclette au commissariat et l’enquêteur décider d’envoyer le voleur et la bicyclette au parquet pour jugement. Mon frère finit par se rendre compte que la bicyclette a disparu du parquet et que le voleur a été libéré. Conséquence, mon grand et moi avions décidé de ne plus faire confiance à la justice de notre pied.

Quand la victime finit en prison…

La deuxième histoire est celle d’un petit du quartier Malika qui, à cause d’une fille qui lui avait volé son téléphone, décide de la traduire devant notre fameux commissariat du quartier. Après convocation des deux parties, le commissaire a décidé de relâcher la fille et de faire emprisonner le petit Kario. Le petit sera contraint de payer une amende de 10.010 FCFA pour être libéré. Depuis, il vit avec sa triste histoire dans la mémoire. Au vu de ces exemples probants, on se rend compte que la justice centrafricaine est une justice à deux poids deux mesures, favorable aux plus forts.

Il est bien vrai que ces deux histoires semblent un peu différentes, mais elles ont presque la même conséquence : celle de remettre en doute la confiance dans la justice de son pays. Les gens qui sont chargés de dire la loi ne respectent pas leur serment. Une fois aux affaires, ces personnes font ce qui leur convient, en favorisant de tierces personnes-parents, connaissances, personnes bien placées financièrement ou occupant un bon rang social, au détriment d’autres, d’où l’impartialité.

Comment cette justice peut-elle juger Bozizé ?

Mais une autre affaire importante concerne une enquête ouverte contre l’ex-président François Bozizé pour violation des droits de l’homme le 2 mai 2013, moins de deux mois après le putsch qui l’a évincé du pouvoir. Si pour beaucoup de Centrafricains, un avis que je partage également, François Bozize et ses proches doivent comparaître devant la justice pour répondre des accusations d’abus de pouvoir, de crimes et d’arrestations arbitraires, la cour qui les jugera se doit d’être impartiale et indépendante.

La justice centrafricaine dans son état actuel ne réunie pas les conditions nécessaires pour assurer un procès juste et équitable aux accusés et rendre justice aux victimes. Mais à travers le mandat d’arrêt international qui avait été lancé le vendredi 31 mai par le Procureur de Bangui Alain Tolmo contre François Bozize pour crimes contre l’humanité et incitation au génocide, tout porte à croire que la justice centrafricaine persiste et signe pour juger cette affaire dont certains observateurs pensent qu’elle relève de la compétence du Tribunal Pénal International (TPI). A ce jour, le TPI n’a toujours pas décidé d’ouvrir une enquête mais se dit en état d’observer et de collecter des informations relatives à une possible ouverture d’enquête. La véritable question à se poser n’est pas de savoir si François Bozizé doit ou pas être jugé mais quelle justice est compétente pour permettre un procès équitable, transparente et juste.

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Commentaires

A.B. Ladji Coulibaly
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Mon frere, en Afrique, la justice c'est pour les riches et les rares pauvres chanceux. Peace

WALIFETE
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Un militaire tchadien, demeurant à Miskine est voleur de mon tracteur. Ce matériel était destiné à soutenir les femmes agricultrices. J'ai hypothéqué mon appartement pour obtenir le prêt qui a financé le projet. Les nouveaux maîtres du pays étant des tchadiens vont-ils respecter la loi, punir le voleur et me rendre mon bien ?

Voici le message que j'ai mis en ligne à cet effet :

Un militaire tchadien Mr MANIER demeurant à Miskine, téléphone 00 263 70 50 50 73 / 00 236 77 50 50 73 est le receleur/voleur de mes équipements agricoles :

- Un tracteur IHC type 523: N° de chassis NT 7 111 51

- Une faucheuse (débroussalleuse) Van Lengerich N°chassis 56 88 00 65

- Une Charrue Eberhardt : chassis 03638

Je demande aux nouvelles autorités de me restituer mes équipements achetés par un emprunt bancaire. Je demande aux autorités tchadiennes de faire cesser les vols et pillages pertétrés par leurs ressortissants qui sèment le chaos.

Esther WALIFETE : tel 00 33 6 29 09 69 83

Abdallah Azibert
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Courage Esther esperons que ceci puisse definitivement finir

Baba MAHAMAT
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Tôt ou tard l'impunie va finir dans ce pays. Nous ne sommes qu'au début d'une révolution dont la machine a été enclenchée et ne s’arrêtera pas. Alors Esther même si tu n'obtiens pas gain de cause, Dieu n'oubliera pas tout ce que tu as déployé comme effort pour que de vulgaire et sans scrupules personnes puisse te le prendre. Courage!
Baba