Pourquoi la Seleka ne maîtrise-t-elle pas la situation sécuritaire en Centrafrique

Article : Pourquoi la Seleka ne maîtrise-t-elle pas la situation sécuritaire en Centrafrique
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23 mai 2013

Pourquoi la Seleka ne maîtrise-t-elle pas la situation sécuritaire en Centrafrique

En dehors de la complexité de la situation politique qui prévaut en Centrafrique depuis le coup d’état du 24 mars 2013, la situation sécuritaire est plus préoccupante. Les nouvelles autorités peinent à rétablir la sécurité, véritable gage selon, la plupart des bailleurs de fond, pour la reprise de l’aide financière. Après la tournée du Premier ministre de transition Maître Nicolas Tianguai en Europe, en Afrique du Sud et récemment à New York pour rencontrer les partenaires privilégiés de la RCA et les institutions internationales, l’heure est au bilan. Une autre tournée, celle du président de transition Miche Djotodia qui a fait le tour de la région d’Afrique centrale continue de défrayer la chronique dans le pays des bantus. Mais si le bilan des deux principaux dirigeants centrafricains est un fiasco pour la plupart de la population, il faut retenir de toutes les visites une seule expression : Pas d’aide sans l’assurance de la sécurité.

Mais pourquoi après deux mois de putsch, la situation sécuritaire reste toujours instable ? Quelles sont les véritables raisons de l’insécurité grandissante ? Peut-on trouver une solution rapidement pour sortir ce pays de l’impasse ? Telles sont quelques questions auxquelles on cherchera à répondre.

Comme l’a indiqué notre confrère BlogueurCentro, la Séléka est constituée de toutes sortes de personnes de moralité douteuse. Si au commencement de ce mouvement rebelle le 12 décembre 2012, il n y avait que très peu d’éléments malgré la fusion de groupes (tels que l’UFDR, la CPJP), les offensives éclaires de cette force coalisée ont permis de recruter des jeunes dans presque toutes les villes occupées. De Bria à Bambari, en passant par Sibut, Kaga Bandoro, Damara, les jeunes n’ont pas attendu le son d’une cloche avant de rallier ce groupe devenu plus fort que l’armée régulière. D’ailleurs, une partie de cette dernière, prétextant être discriminé en étant affecté en province a trouvé refuge dans la Seleka en le crédibilisant. Mais si la fameuse force d’interposition de la FOMAC avait permis de stopper la prise de Bangui, elle a également permis à la Seleka d’augmenter son effectif avec des éléments venus des quatre coins de Centrafrique ainsi que du côté des pays voisins tels que le Soudan et le Tchad.

Mais au-delà de cet aspect des choses, les chefs militaires de la Seleka ont failli en acceptant au sein de leurs troupes des bandits en tout genre. On peut facilement justifier l’état de la situation sécuritaire actuelle à cause des nouvelles recrus, tels que les anciens prisonniers libérés à la faveur du coup d’état, les coupeurs de route, les braconniers, les anciens militaires, les jeunes filles prostituées de Bangui. Tous ont un objectif commun : se faire beaucoup d’argent peu importe la manière avec laquelle il faut arriver à leurs fins ; tous les moyens sont bons. Certains chefs de la Seleka ont choisi de continuer à recruter même une fois le pouvoir conquis afin de pallier à l’effectif qui a été réduit après l’affrontement avec les forces régulières appuyées par la force Sud-africaine.

Dans mon quartier par exemple, on trouve plus d’une dizaine de jeunes parmi lesquels des filles ont été enrôlées dans la Seleka. Presque tous étant des voleurs et la plupart ayant déjà visité la maison d’arrêt centrale de Ngaraba. On retrouve un peu partout des généraux, des colonels, des commandants, des capitaines, des lieutenants … On a l’impression que personne n’est soldat et c’est qui s’est confirmé lorsque nous avons eu à poser des  questions à certains des éléments. Chacun fait sa loi et défraie la chronique comme bon lui semble.  Le ministre d’Etat centrafricain en charge de la sécurité publique, le Général Nourredine Adam, un homme qui a longtemps vécu en rebellion et que certains qualifient de numéro 2 du pouvoir devrait être respecté par tous les mouvements. Il n’a pas pu se faire écouter. Malgré ces nombreux décrets sur la réglementation de la circulation des éléments de la Seleka, on constate toujours en circulation des véhicules lourdement armés qui arpentent à toute heure les quartiers et avenues de Bangui. Si à Bangui la situation est restée préoccupante, dans l’arrière pays, elle est inimaginable.

Le Président de transition avait annoncé lors d’une allocution que les éléments incorporés dans la Seleka à l’arrivée à Bangui sont estimés à 15 000 hommes. Un chiffre qui reste à vérifier vu la foule d’hommes qu’on rencontre au quotidien. On peut très vite comprendre qu’il se pose un problème de leadership au sein de cette coalition qui s’est emparée facilement du pouvoir. Si d’emblée l’une des raisons de la prise du pouvoir de Michel Djotodia était la situation chaotique de l’insécurité au temps de l’ancien président François Bozize, la situation actuelle est plus que dramatique.

Autre chose, au sein de la Seleka, chaque général, colonel, capitaine, commandant, lieutenant n’en fait qu’à sa tête. La plupart des chefs militaires sont des mercenaires, incontrôlables par le pouvoir.

Finalement, on se rend bien compte que la Seleka est source d’insécurité sur tout le territoire de Bangui. Une approche pour ramener la sécurité sur tout le territoire consistera à faire déployer rapidement les 2000 hommes de la FOMAC et des soldats français supplémentaires pour la sécurisation et la réorganisation de l’armée centrafricaine. Ce que défend le Premier ministre actuel, chef du gouvernement.
Chaque jour qui passe est un jour de plus pour la souffrance du peuple centrafricaine.

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