Le coup d’Etat du 24 mars 2013, une souffrance de plus pour le peuple centrafricain
Vous avez été très nombreux à être aux côtés du peuple Centrafricain lors des évènements douloureux qui ont succédés et suivis relatifs au coup d’état du Chef de la rébellion SELEKA Michel Djotodja contre le président François Bozizé. Après la souffrance de la population des zones occupées par la rébellion du SELEKA depuis le 10 décembre 2013 et l’arrestation de certaines personnes à Bangui, les Centrafricaines ont espéré en avoir fini avec ce cycle de violence qui a tellement duré, privant ainsi le pays des investisseurs et du développement. Nous avons vécu une fois de plus un évènement tragique qui a fait des milliers de victimes et endeuillé plusieurs familles.
L’échec des accords de paix de Libreville, pourtant signés sous l’égide des Chefs d’Etats de la CEEAC et soutenus par la communauté internationale, a été la principale cause de ce coup de force. Mais ne pouvait-on pas éviter cette tragédie ? Il est clair que la rapidité de la rencontre de Libreville est pour quelque chose quant à l’échec cuisant des pourparlers malgré la signature des accords de paix. Chaque partie a cru être vainqueur au détriment du peuple centrafricain, épris de paix et d’épanouissement. Le Gouvernement d’Union Nationale (GUN), formé le 03 février 2013 après la nomination du Premier ministre de Transition avec des pouvoirs renforcés, Nicolas TIANGAY n’a pas permis d’éviter le retour aux hostilités. Même si les responsabilités doivent être partagées entre le Président François Bozizé vraisemblablement abandonné par ses pairs de la CEEAC et de la CEMAC et le SELEKA, il faut tout de même reconnaître que le peuple a payé le prix fort de l’intransigeance des deux entités qui se sont entêtées en refusant délibérément de respecter les engagements pris à Libreville.
Le peuple centrafricain tout entier est reconnaissant à travers cette solidarité que vous avez montré, une solidarité africaine et légendaire. Passer ce moment de difficultés avec ma famille a été une épreuve délicate mais ensemble nous avons été plus forts pour les surmonter.
Le coup d’état du 24 mars n’a fait qu’aggraver la situation nationale, déjà désastreuse caractérisée par tous les maux : problèmes humanitaires, économiques, d’infrastructures, de sécurité… Le nombre de victimes, quoique réduit en comparaison à celui du coup d’état du 15 mars 2003, est énorme. Selon les dernières informations de la Croix Rouge, plus de 80 corps ont été retrouvés sur les avenues et plus de 200 blessés manquent actuellement de soins et sont en attente d’opérations en urgence. A cela, il faut ajouter le nombre important de décès et de blessés par balle perdue et d’énormes dégâts matériels comme les pillages qui ont suivi et continuent dans certaines zones.
Ce qu’il faut également déploré, c’est le cycle de coup de force qui a trouvé une logique en Centrafrique car en plus de 50 ans d’indépendance, la RCA a connu plus de 3 coups d’Etat militaires, plusieurs crises politiques et militaires et une seule élection présidentielle libre et transparente. Celle de 1993 a permis la victoire du feu président Ange Félix Patassé, décédé en 2011 des suites de maladie. Après les élections de 1993, le général François Bozizé a été contraint à l’exil au Tchad avant de former sa rébellion. Cette dernière aura raison de l’unique président démocratiquement élu, Ange Félix Patassé abandonné par ses pairs de la CEMAC le 15 mars 2003, après 10 ans de règne très mouvementé.
Un vieux dicton disait « qui tue par l’épée périra par l’épée », François Bozizé est contraint à l’exil comme l’a été Ange Patassé dans quasiment les mêmes circonstances : après 10 ans de règne, abandonné par ses pairs, chassé par une rébellion qui a impressionné les forces régulières très peu équipées et démotivées.
Le peuple centrafricain doit tirer les leçons de ces moments et chercher à aller de l’avant. La jeunesse centrafricaine doit chercher à se réorienter et faire confiance aux jeunes qui éprouvent le même idéal c’est-à-dire penser à réduire le taux de chômage, résoudre les problèmes sanitaires… Il est urgent pour cela qu’elle tourne le dos à ces quelques jeunes qui ne pensent qu’à leur poche et qui sont politisés et travaillent au solde des politiques.
Le nouvel homme fort de Bangui se porte en solutionnaire des problèmes centrafricains – comme l’a fait son prédécesseur – en appelant à l’unité nationale et demandant à travailler avec tout le monde quelque ce soit l’origine ethnique, religieuse. Mais est-ce que cet engagement sera-t-il- respecté ? Respectera-t-il les accords de Libreville du 11 janvier 2013, et surtout l’un des articles qui interdit à tous les issus du gouvernement de transition de se présenter aux élections futures prévues en 2016. En tout cas, il a reconduit le défenseur des Droits de l’homme au poste de Premier ministre, ce qui est un pas important dans sa démarche. L’avenir nous permettra de juger cet ancien étudiant de l’ex-URSS qui a l’avantage de parler anglais, arabe, français et russe. Comme il l’a martelé lors d’un de ses discours, « chaque génération a une mission, l’accomplir ou la trahir », les années à venir nous permettrons de savoir s’il a accompli sa mission.
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